Théâtre, danse, musique, cinéma, photographie, stylisme… La grande faucheuse n’a pas épargné le milieu culturel. Une quinzaine de personnalités ont rejoint les firmaments cette année.
Lourd ! Le bilan l’est pour la culture. Des acteurs de théâtre et de cinéma, des légendes de la musique ayant porté haut le flambeau malgache à l’international, une étoile du stylisme, un photographe apprécié et reconnu de ses pairs, un jeune chorégraphe qui avait l’avenir devant lui… tous ont tiré leur révérence au cours de cette année. Partis trop tôt et trop soudainement pour la plupart, ces personnalités ont laissé leur empreinte dans le milieu artistique et culturel.
Cinéma. En août, Justin Rakotovaoarison, connu comme étant « Dame de cœur » joue sa dernière scène. Cinéaste doublé d’homme politique, son décès est survenu après hospitalisation. À la fois réalisateur et acteur, « Dame de cœur », depuis 2004, avec sa maison de production, a sorti plusieurs longs métrages entre autres « Lolo vokatra », « Radaoro Maro anaka » et « Rantsana dimy ». Trois mois plus tard, le monde du septième art s’assombrit à nouveau. Celle qui campait le rôle de « Rabodo » dans la série « Safelika » tire sa révérence à 58 ans après s’être battue contre une maladie qui la rongeait depuis des mois.
« Kaiamba ». Le milieu du « kaiamba » n’était pas non plus à l’abri. En janvier, Bruno Raisner, l’un des artistes qui a rendu le « kaiamba » célèbre succombe à l’hôpital d’Ambohibao. Auteur du célèbre titre « Ny kotro-baratra », connu de tous, même de la génération actuelle et encore chanté à tue-tête dans presque toutes les salles de karaoké, Bruno Raisner était un des piliers du « kaiamba tena izy » qu’il a d’ailleurs rendu populaire avec ses complices de scène, notamment Prosh’Ely, Edmée, Zozo… Dédé Fénérive au mois de juillet décède subitement. Né le 15 mai 1954, Rabemanantsoa Bertrand Régis de son vrai nom a surtout été connu grâce à son titre « Dimy mianaka ».
Légendes. Au mois d’avril, la belle histoire d’amour de Jean Emilien avec la musique prend brutalement fin. A 54 ans, l’harmoniciste meurt soudainement, d’un arrêt cardiaque à son domicile à Ambohijafy Itaosy. Le mois suivant, Donné Sahondrafinina qui était pourtant en très bonne santé, a été retrouvé sans vie dans un canal. Un décès qui attriste tous ceux qui l’ont connu. Donné Sahondrafinina, selon ses amis et connaissances, était effectivement un artiste hors du commun : un sacré danseur, accordéoniste, trompettiste, violoniste, chanteur et jouait du tambour comme personne. Encore sur scène avec un groupe corse ce dimanche soir de juillet là, Régis Gizavo a été soudainement pris de malaise. Dépêché sur place, les pompiers l’ont évacué en hélicoptère. Malheureusement, son cœur lâche. Il n’atteindra pas Ajaccio. A deux heures du matin, Régis Gizavo rend son dernier souffle, à 58 ans. Au mois de septembre, Jeanot Rabeson, pianiste de jazz reconnu, atteint d’un accident vasculaire succombe. Il est évacué à La Réunion, mais la maladie eut malheureusement raison de lui. Le pianiste et chef de chœur rend l’âme à 81 ans.
Théâtre. A peine âgée de 20 ans, Andriamandranto Soamihaja de la compagnie Miangaly, pourtant promise à un bel avenir artistique, disparaît brutalement. Le mois suivant, en août, Mamy Rajaonarivelo, s’en va également rejoindre les étoiles. Dès sa première prestation au sein de la troupe Jeannette, le jeune homme émerveille, non seulement ses collègues de la FMTM, mais également les spectateurs. Son jeu de scène et sa capacité à maîtriser les notes aiguës, sans oublier ses magnifiques interprétations d’Andrianary Ratianarivo et Rasamy Gitara enchantent.
Stylisme. Cette année, Ben prévoyait de célébrer ses 10 ans de création. Il avait concocté plusieurs projets. Le jeudi 13 juillet, le styliste décédait cependant subitement. Dans la journée, ce créateur de mode de 43 ans était encore cependant connecté sur son compte facebook et discutait avec ses amis. Quelques heures plus tard, un de ses proches annonce son décès. Rajaonarisoa Solofo Andriamparany de son vrai nom avait cependant un bel avenir devant lui. Discret, mais jamais à cours de créativité, Ben était sollicité de partout et habillait de grands noms de la musique malgache.
Photo, centre culturel. Au mois de mars, Razafindrazaka Emile, l’un des premiers propriétaires et techniciens de laboratoire photographique de Madagascar, voire d’Afrique, laisse un grand vide. En octobre, le CGM perd son directeur général. Eckehart Olszowski, pionnier et figure incontournable de la Culture à Madagascar est victime d’un infarctus et s’éteint à 65 ans. Nombre d’artistes malgaches de renom lui doivent beaucoup, tant il avait œuvré pour la promotion culturelle depuis plus de 30 ans dans la Grande Ile dont il était tombé amoureux et devenu un véritable ambassadeur et un ardent défenseur.
Danse. Victime d’accident vasculaire cérébral et de fatigue générale, Rudi Rehava a succombé à la mort au mois de novembre. Poids lourd de la danse urbaine, Rudi Angelson Rehava, de son vrai nom, a été une grande figure de la discipline depuis les années 1990 autant sur scène que sur le petit écran. Membre du groupe « Up the rap », il a fait partie des pionniers de la danse hip-hop dans la Grande Ile et non moins co-fondateur de la formation « Family Adams ». Dans la même foulée, il a introduit la capoeira, cet art martial afro-brésilien qui s’apparente plus à la danse, à Madagascar.
Agé. Il avait 73 ans. Victime d’infarctus, Jean Félicien Ratefy a été hospitalisé pendant une semaine avant de rendre l’âme à l’âge de 73 ans. Il a débuté en étant organiste à l’EKAR Antanimena en 1953. Il a effectué ses études à l’Ecole provinciale de Musique d’Antananarivo, et est entré dans le monde professionnel en 1964. Ensuite, il a participé à des concours internationaux comme le Panafaricain 95 en Afrique du Sud et le Pian’austral 98 à la Réunion.
Discret, méconnu du grand public, mais très apprécié des amateurs de « vazo miteny », Ra-Stefa, Stefana Rakotonirina de son vrai nom, a succombé au mois de mai, suite à un accident vasculaire cérébral. Interprète, mais également auteur hors-pair, il aura surtout marqué le milieu musical par ses textes teintés d’humour, mais également par ce style qui lui est propre : le « folk’n rija » où se marient le folk et le « horija betsileo ».
Mahetsaka