La situation qui règne aujourd’hui à Madagascar laisse les observateurs extérieurs au pays plutôt dubitatifs. Si on se réfère à tous les avis des experts étrangers, les indicateurs macroéconomiques sont très positifs et la Grande Ile est sur la bonne voie. Tous les chiffres avancés doivent cependant tenir compte de la réalité sur le terrain et là, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Risque de crise sociale de plus en plus sérieux
Les représentants des institutions financières internationales louent la manière dont les réformes sont menées et plusieurs décaissements ont été donc effectués. Mais il ne faut pas se leurrer, la réalisation des programmes aussi bons soit-il est tributaire du climat social régnant dans le pays. L’interview de Patrick Iman du FMI le souligne et ce dernier reste très prudent sur l’avenir économique de la Grande île. Comme tous les observateurs, il s’est rendu compte des difficultés rencontrées par la population. Il insiste sur la nécessité de la lutte contre la corruption qui doit être menée jusqu’au bout. Il sent, comme tout le monde, le risque de crise préélectorale. C’est un avis éclairé qui rejoint celui de beaucoup d’observateurs malgaches, mais que nos dirigeants ne veulent pas entendre. Il n’est pas trop tard pour essayer de rectifier le tir et de se concerter avec toutes les forces vives de la nation pour essayer de trouver des solutions aux multiples problèmes qui existent actuellement. La population est totalement éreintée par la lutte pour la survie. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Ce ne sont pas les promesses d’un avenir radieux qui vont la rassurer. Elle est aujourd’hui confrontée à la réalité qui est particulièrement amère. Les épreuves qu’elle traverse sont très dures, mais même si elle ne dit rien, elle n’en pense pas moins. On sent la rancœur s’accumuler et tôt ou tard, elle peut se manifester violemment. De nombreuses voix s’élèvent pour alerter le régime, mais ce dernier poursuit son programme comme si de rien n’était. On entre maintenant dans la période des cyclones. Le temps est donc à l’orage et c’est un cataclysme social et politique qui se prépare si le pouvoir n’y prend pas garde.
Patrice RABE