
Le 3 février dernier à Maherivaratra, une commune rurale entre Ambilobe et Ambanja, des trentaines de camions ainsi qu’une vingtaine de taxis-brousse se sont retrouvés bloqués devant un «fossé».
Étouffés par la chaleur, les passagers sortent des véhicules, nerveux en regardant l’heure filer sur leurs poignets. Parmi eux madame Zery, une jeune femme qui doit régler quelques dossiers à Antananarivo, attend avec impatience son tour pour passer dans le « canal boueux ». « J’ai un rendez-vous très important à Antananarivo après demain. Mais avec cette allure, je crois qu’il nous faudra 48 heures de route », s’inquiète-t-elle.
Devant, un grand canal dans lequel des voitures sont bloquées, n’arrivant pas à remonter à la surface. Leurs roues sont enfoncées dans la boue. La route bitumée d’autrefois est devenue un chemin infernal pour les chauffeurs. « Avant, le trajet Diego-Tana durait entre 18 et 22h, actuellement, on le fait en 48 heures. En plus, nos voitures s’en sortent endommagées. C’est fatiguant ! », a témoigné un conducteur de taxi-brousse avec une voix désolante.
« RN tsisy ». La Route Nationale 6 n’est plus depuis 2013. En l’espace de sept ans, elle est passée d’une route goudronnée de 5 centimètres d’épaisseur à une route secondaire impraticable. D’Antsiranana jusqu’à Port-Bergé en passant par Ambanja, les voyageurs souffrent du mal de la route puisque les taxi-brousses ballottent comme des pirogues suivant les vagues d’une mer agitée. Par conséquent, la région Diana est isolée du reste de la Grande île car elle est actuellement coupée du réseau routier. Les liaisons se font une grande partie de l’année uniquement par voie aérienne et l’administration de cette zone excentrique est aussi difficile. De plus, la destruction des infrastructures routières engendre la hausse des prix des denrées alimentaires dans la région.
Il perd le nord. « Qu’attend l’autorité compétente ? », une question que posent les habitants. En effet, tourner les pouces est l’une des spécialités de l’administration Rajoelina. « Le président de la République a oublié le Nord ! ». La région où il a amassé plus de 80% des voix. Jusqu’à présent, la population locale s’en souvient, comme si c’était hier, le candidat Numéro 13, lors de sa campagne électorale en décembre 2018, avait prononcé haut et fort sur la place de l’indépendance à Antsiranana « Nous allons réhabiliter la RN6 ». Devenu président de la République, l’ex-candidat numéro 13, n’a toujours pas de solution. La déception s’installe chez la population de la région Diana. Celui qu’on considérait comme « fanôrolahy », voire le porteur d’espérance, a une mémoire sélective. « Il nous avait tellement rassurés, il nous avait promis en 2018 qu’il allait résoudre ce problème », a confirmé une vieille dame originaire d’Ambanja. Jusqu’ici, la population attend que des engins débarquent dans la région Diana.
Iss Heridiny