Les autorités publiques ont toujours affirmé qu’elles seraient impitoyables envers les trafiquants d’espèces endémiques malgaches et les exportateurs illicites de bois précieux. Les interceptions à la frontière et des arrestations ont eu lieu, mais les trafiquants n’ont jamais été condamnés. Le CITES n’entend plus tolérer cette coupable tolérance de l’Etat malgache. L’alliance Voary Gasy lui emboîte le pas.
Des sanctions exemplaires contre les trafiquants
Cette ONG malgache n’a jamais cessé de dénoncer la complaisance voire la complicité de certains membres de l’administration dans les trafics d’espèces protégées et de bois précieux. Le régime a maintes fois promis de sévir et avait qualifié ces opérations de véritables crimes contre la nation. On avait parlé de la mise en place d’une juridiction spéciale pour juger les trafiquants. Des lampistes ont été déferrés. Des tractations ont eu lieu et ils ont été discrètement relâchés. Un trafiquant notoire a pu partir à l’étranger et il coule des jours heureux dans un pays voisin. Le procès de Singapour aurait pu suivre le même chemin, mais la justice de ce pays n’entend pas laisser l’affaire en l’état. Pressée par le CITES qui a menacé de sanctionner Madagascar, la ministre de l’Environnement a affirmé que les responsables de ces trafics seraient condamnés. L’opinion publique qui, jusqu’à présent, était plutôt désabusée, a pris acte de ces intentions, mais elle attend de voir la réalité des actes. C’est dans ce contexte que l’Alliance Voary Gasy revient à la charge et interpelle l’Etat. Elle ne veut plus de ces procès où les coupables sont relâchées après diverses tractations et demande des sanctions exemplaires. Pour appuyer ses dires, elle porte à la connaissance du public le montant des sommes faramineuses encaissées par les trafiquants. Une tortue sortie illicitement du pays est vendue entre 2 500 et 10.000 dollars. Le calcul est vite fait quand on sait qu’un passeur peut en faire sortir du pays une centaine par voyage. L’Etat doit maintenant réagir et faire face à ses responsabilités.
Patrice RABE