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lundi, octobre 14, 2024
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Santé : Pour qui sonne le glas de la Covid-19…

Dans les entrailles du Fisakana, où le nom d’Edmond Alfred Rakotomalala est à la fois craint et respecté.

La Covid-19 est un signe que la santé peut, dans les années et les générations à venir, s’engager sur un défi planétaire. Pourtant, des petites gens de ce monde arrivent à contrecarrer les perspectives les plus sombres, surtout dans des pays extrêmement pauvres comme Madagascar. Edmond Alfred Rakotomalala, et son Ed1, figure parmi eux.

La pandémie de la Covid-19 a prouvé que le système de santé mondialisé, « big pharma », institution internationale et d’autres, ne peut, à lui tout seul, déjouer des menaces aussi ravageuses et générant des déséquilibres géopolitiques. L’Afrique a réussi à prouver l’utilité salvatrice de la tradithérapie, en limitant les décès par rapport à des pays en Europe ou encore en Asie. L’Afrique est aussi un continent qui a utilisé de manière séculaire des remèdes ancestraux. Le premier cas dans le monde a été annoncé fin novembre 2019. A Madagascar, la période 2020 correspond au boom de l’utilisation des moyens du bord. D’un coup, les décoctions et autres préparations naturelles sont prises d’assaut. Certains ne juraient plus que par celles-ci. Dédaignant les vaccins, rejetant les cachets et les piqûres. Tandis que les décès se comptaient de jour en jour. Diverses catégories de patients rejoignaient les hôpitaux. Ceux ou celles qui n’ont eu confiance qu’en la médecine conventionnelle, et ceux ou celles qui, après avoir eu recours à toutes les voies du traditionnel se sont tournés enfin vers les blouses blanches. Parfois trop tard. A côté de cela, des hommes, des femmes et des enfants en guérissaient, des deux côtés, grâce aux médecins assermentés et grâce aux tradipraticiens. Les réseaux sociaux abondaient de témoignages.

Un remède est sorti du lot, l’« Ed1 », venu de l’Amoron’i Mania. Et comme s’il fallait ajouter une couche encore plus folklorique, sa réputation s’est répandue grâce à l’oralité. Le bouche-à-oreille. Parce qu’il fallait entendre de la bouche d’une tante proche ou de l’ami de l’ami d’un cousin pour vraiment croire en cette médication. Plus tard, terré dans son petit village dans les entrailles du Fisakana, Edmond Alfred Rakotomalala devient un symbole de cette lutte contre la Covid-19. Il est l’inventeur de l’« Ed1 ». Un vieux de la vieille en quelque sorte, puisqu’il s’est déjà fait un nom dès 2007. C’est la pandémie qui l’a mis au-devant de la scène. Aujourd’hui, il subit la pression de son succès. Le bonhomme se méfie de tout, frisant la paranoïa. Vacciné contre la Covid-19, il se présente désormais comme le notable du coin. Dans sa cour se parquent tout-terrains et motos. Sa maison possède les dimensions d’un château. Voyage sur les terres d’un « héros » de village, devenu personnalité publique.

Autour de lui s’est cristallisée toute la frustration des laissés pour compte de la médecine internationalisée. Pour une fois, la pratique médicale traditionnelle était prise de manière institutionnelle. Autour d’Edmond Alfred Rakotomalala se construisait tout un substrat de légendes urbaines. Les théories ou non sur le « big pharma », une soi-disant mafia tentaculaire de la santé mondiale, pullulaient. Vrai ou faux, l’« Ed1 » guérissait. Et c’est ce qui est le plus important dans la médecine. Sauver des vies.

Maminirina Rado

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