
Une plateforme réunissant le secteur privé et les chercheurs vient d’être mise en place en vue d’accélérer l’application du référentiel systémique permettant d’atteindre la sécurité alimentaire, et par conséquent la souveraineté alimentaire tant prônée au niveau de l’Océan Indien.
Ces thèmes feront d’ailleurs l’objet de discussions lors du Ve Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission de l’Océan Indien qui aura lieu jeudi 24 avril 2025 au CCI Ivato. Des tables rondes seront ainsi organisées durant cet événement de grande envergure. Les thèmes seront axés sur « la transformation agricole dans l’Océan Indien : moteurs de souveraineté alimentaire et d’intégration productive » ainsi que sur « les échanges économiques et commerce inter-régionaux : vers une meilleure fluidité et compétitivité régionale ». A cette occasion, Faly Rasamimanana, en tant que panéliste représentant du secteur privé au sein du Conseil d’Administration de FOFIFA Centre national de la recherche appliquée au développement rural, présentera le référentiel systémique de développement inclusif et durable incluant la digitalisation de l’agriculture.
10 000 ha de terrains sécurisés
« Pour pouvoir accélérer l’application de ce référentiel systémique, dont l’efficacité a déjà été prouvée, nous avons mis en place une plateforme réunissant le secteur privé et les chercheurs, afin d’encourager tous les autres acteurs du développement à s’y impliquer. En effet, le développement d’un partenariat entre ces deux parties contribue véritablement à la sécurité et à la souveraineté alimentaires, non seulement à Madagascar, mais aussi à l’échelle de l’Océan Indien », a-t-il déclaré.
Dans un premier temps, des terrains sécurisés de grande superficie, totalisant près de 10 000 hectares et appartenant à des propriétaires privés, ont été identifiés dans 4 régions. L’objectif est d’y promouvoir une agriculture biologique et durable. Parmi les filières prioritaires figurent le maïs, le haricot, l’oignon, le taro, les épices, les légumes, ainsi que le pois du Cap et d’autres grains secs.
« Pour la première année, nous prévoyons une production de 500 tonnes de taro à destination de Mayotte et des Comores. En ce qui concerne le maïs, très prisé par les pays membres de l’Indianocéanie, environ 1 000 hectares seront exploités dès le démarrage du projet. Par ailleurs, 1 500 hectares sont prévus pour les cultures de grains secs, notamment le haricot, à expédier vers Maurice et La Réunion. En outre, 250 hectares seront consacrés à la culture d’oignons, également très demandés dans ces deux îles voisines », a-t-il ajouté.
Suivi en temps réel
En amont de la production, des intrants biologiques et des semences certifiées issues des résultats de recherche validés par le FOFIFA seront vulgarisés pour des exploitations à grande échelle.
« Le système est également digitalisé grâce à l’application Holy Appli, qui permet aux consommateurs internationaux et aux bailleurs de fonds de suivre en temps réel tous les processus de production. Notre objectif est de fournir des aliments sains, garants de la santé de la population, ainsi que des matières premières conformes aux exigences des industries, tout en assurant la stabilité des prix sur le marché de l’Océan Indien. Dans cette même dynamique, une partie des recettes issues de la commercialisation des produits agricoles biologiques sera reversée aux chercheurs, à titre de motivation. Tous les fonds mobilisés dans le cadre de ce référentiel systémique seront utilisés de manière judicieuse et transparente, grâce à la traçabilité offerte par Holy Appli. La vulgarisation des formations à distance à l’intention des producteurs est également prévue, en complément du suivi-évaluation en temps réel de toutes les actions entreprises sur le terrain, en faveur d’une agriculture durable », a expliqué Faly Rasamimanana, l’initiateur de ce projet.
Il convient de rappeler que ce référentiel systémique de développement durable et inclusif a déjà été présenté lors de la dernière réunion de l’ASARECA (Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique de l’Est et du Centre), regroupant 15 pays africains.
Navalona R.