
« Prolifération des établissements alimentaires informels ; des denrées alimentaires périmées, endommagées, contaminées et étalées sur les points de vente sans respect des bonnes pratiques d’hygiène et de qualité ; et persistance des toxi-infections alimentaires » ; autant de points qui nécessitent la mise en place d’une stratégie nationale sur la sécurité sanitaire des denrées alimentaires à Madagascar pour les quatre prochaines années.
Dans un communiqué publié sur son site Internet, le ministère de la Santé publique affirme que « la sécurité des denrées alimentaires constitue un des facteurs fondamentaux assurant la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Or la dégradation de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires dans le pays entraîne des effets néfastes sur la situation socio-économique de la population et ralentit le développement durable ». C’est donc la raison pour laquelle un nouveau plan stratégique national sur la sécurité sanitaire des denrées alimentaires a été élaboré. Ce plan est axé sur trois axes stratégiques ; à savoir l’amélioration de l’accès de la population à des denrées alimentaires saines, le renforcement du système national de contrôle officiel des denrées alimentaires, ainsi que l’optimisation des interventions multisectorielles en faveur de la promotion de la sécurité sanitaire des aliments.
Hors contrôle. Gagner ce pari semble encore être un travail de longue haleine. En effet, dans le document, le ministère de la Santé évoque l’absence de structures au niveau des collectivités territoriales décentralisées et de services techniques déconcentrées, le manque de ressources face à l’étendue du territoire et à l’augmentation des denrées mises sur le marché, l’insuffisance du nombre de laboratoires et de personnel de laboratoire, mais aussi la faible fréquence de communication en raison du manque de matériels. Des problèmes qui ne datent pas d’hier à Madagascar mais qui n’ont toujours pas été résolus après plus de cinquante ans d’indépendance. Par ailleurs, les structures de contrôle qualité des produits alimentaires et les Agents de contrôle officiel n’auraient pas aussi la capacité nécessaire à répondre aux besoins de contrôle officiel. Pour englober tout ceci, on peut dire que jusqu’à présent, la sécurité des aliments qui circulent sur le marché est encore hors contrôle. Fort heureusement, ce nouveau plan stratégique pourrait changer la donne durant les quatre prochaines années.
Chacun sa responsabilité. L’Etat, les entreprises, et les organismes alimentaires ont chacun leur rôle dans la sécurisation des denrées alimentaires à Madagascar. « L’Etat contribue à mettre en place un cadre favorable pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments destinés à la consommation de la population et les entreprises ou organismes alimentaires sont tenus de garantir la sécurité sanitaire des aliments qu’ils produisent. A cet effet, ces derniers peuvent entreprendre au niveau interne des processus de contrôle qualité », peut-on lire dans le document publié par le ministère de la Santé. Ce qui peut amener à penser que si le pays est toujours à cette phase au jour d’aujourd’hui, c’est que ces rôles n’ont pas été assurés pendant de longues années.
Néanmoins, d’ici 2024, le gouvernement prévoit d’augmenter d’au moins 90% les établissements alimentaires enregistrés respectant les normes d’hygiène et de sécurité sanitaire. Pareille pour le renforcement des lois et textes réglementaires sur l’hygiène et la sécurité sanitaire de l’importation, la production, la transformation et la commercialisation des denrées alimentaires par au moins 90% des établissements alimentaires enregistrés. Et bien évidemment, une application rigoureuse des procédures opérationnelles standards pour la prévention, et la réponse aux toxi-infections alimentaires au niveau des 22 régions est également attendue. Une immatriculation massive des gargotes, restaurants et autres établissements est donc attendue dans un futur proche. Reste à voir si ce plan stratégique sera appliqué fermement et qu’il porte ses fruits pour la sécurité de l’ensemble de la population malgache.
Anja RANDRIAMAHEFA