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vendredi, avril 19, 2024
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Séquelles de Batsiraï : Mananjary, deux mois après le sinistre

La plage de Mananjary, les débris laissés par Batsiraï inonde une partie de la plage

Avec Batsiraï, en début février, Madagascar a subi le cyclone considéré comme le plus puissant du monde pour 2022. Son œil est entré la nuit dans la ville de Mananjary comme un « chien enragé ». C’est sûr, la ville et sa population restera alors traumatisée pour des générations. Tentant d’effacer rapidement les séquelles psychologiques, cette dernière vît son quotidien exsangue. Où la honte de ne pas avoir son propre toit se ressent à chaque mot, à chaque regard, à chaque geste.  

5 février 2022. Les malgaches retiendront l’entrée destructrice de Batsiraï, cyclone tropicale très intense, par la ville de Mananjary, dans le sud–est. Il a bien choisi son heure, son œil atterri dans la ville durant la nuit. Avec ses 30 000 habitants, livrés à des rafales de vents à 250 km/h. Du jamais vues dans la zone Océan Indien depuis une dizaine d’années. Même, les médias internationaux ont qualifié Batsiraï de cyclone le plus puissant au monde.

De cette nuit, les souvenirs de la population locale sont homogènes. Une tragédie jamais vu, même par les octogénaires. Où la peur a laissé place à un traumatisme profond. Une blessure générationnelle. Pourtant, la vie dans la ville suit bon gré mal gré son cours. Nonchalante lors des heures de fortes chaleurs, hagarde lors des pluies soudaines… Les symptômes d’une cité meurtrie livrée à elle-même.

Selon les spécialistes, un cataclysme est le meilleur catalyseur pour exacerber les clivages sociaux. Le chômage est souvent noyé dans des activités ludiques, sans rien en retour. Les aides de l’Etat sont souvent source de frustration. Les prix des denrées quotidiennes s’affolent. Mananjary est soumise, après deux mois du passage de Batsiraï, à une sorte de couvre-feu. Dès 20 h, les piétons se font rares. A partir de 22 h, il faut s’en tenir à une bonne excuse pour éviter les problèmes.

La Covid–19 semble être une sous-catégorie. Quand une septuagénaire reçoit ses invités, sans perdre son flegme, dans son salon avec un trou béant dans le toit. La scène est incroyable. Dans les lieux de rassemblements, les couloirs des quartiers, les bistrots, les terrains de jeu… il y a toujours deux ou quatre personnes qui ont la maison détruite. Les proches accueillent deux ou trois familles. Ceux dont les habitations ont tenu face aux rafales. Et se dégage une forme de sinistre déguisé sous la bienveillance d’un parent.

Alors, les camps de sinistrés ne sont pas nombreux, deux ou trois. Mananjary, ce sont aussi plus de 60 % de ses bâtiments administratifs partiellement ou complètement scalpés, devenus inutiles. Le cas de l’hôpital, les classes du CEG, où les cours commencent à revenir à la normale. Des déperditions scolaires se comptent par dizaines. Pour les lycéens venus des campagnes éloignées, poursuivant le secondaire au niveau du lycée local.

Si le focus tend à se concentrer sur la ville, les zones rurales ont connu pire. La perte des récoltes de cannelle, de girofle et d’autres produits de rente pullulent dans les campagnes. Un sinistre dans le sinistre. Des centaines de paysans quémandent, à qui pourrait les entendre, des semences pour reprendre du service. “Pour ces victimes, les conditions climatiques déterminent leur destin. Depuis toujours. Migrer pour des conditions de vie meilleures semblent hors de leur imaginaire”.

A l’instar de ces “sans toits” condamnés à reconstruire ou à réhabiliter sur le même périmètre de bord de mer ou des Pangalanes, un lieu de tous les dangers à chaque saison cyclonique. Puisque des terres plus protégées des intempéries seraient inaccessibles, intouchables.

Maminirina Rado

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