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vendredi, avril 19, 2024
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Sillon du passé : Les roitelets au service des hommes politiques

Se plier, accepter la puissance venant de l’extérieur leur semble la solution idoine, car perdre leur place au sein du village serait une honte. Ce serait briser la ligne tracée par les ancêtres, ou pire, casser la branche de son arbre généalogique. « Zokiolona », « sojabe » « talagnolon’ny tanàna », « ampanjaka hely », « petit prince », « roitelet », « chef du village », on leur a attribué tous ces noms car ils ont essentiellement joué un rôle prépondérant dans la vie politique depuis l’époque précoloniale jusqu’à nos jours. Tenant traditionnel, ce sont des princes dans leur petit périmètre. Souvent qualifiés de zokiolona littéralement patriarches, ils sont avisés de tout ce qui se passe dans le village où ils sont vénérés.

Les quatre points cardinaux ont un sens philosophique pour les Malgaches. L’Est, là où l’on se tourne pour demander grâce et bénédiction aux ancêtres. C’est à l’Ouest que siègent les femmes et les enfants,m. Le Sud est réservé aux « étranges étrangers » et les tombeaux. Le Nord est exclusivement réservé à la famille du zokiolona. Cet emplacement n’est pas attribué par hasard, la tradition stipule que le Nord est la place des autorités, ceux qui sont respectés. C’est de cette manière que vivaient ces grands hommes de bourgade durant l’ère précoloniale. Mais, au début du XXe siècle, la Grande île est sous la domination française. Donc tout a basculé !

Certes, la colonisation a chamboulé la structure traditionnelle à Madagascar, cependant, dans certains cas, elle a approuvé l’organisation sociale afin de mener à bien son administration. Dès lors, les tenants du pouvoir français nommaient les roitelets, chefs de village. Ceux-ci, en retour, exécutèrent les ordres, tout en montrant sans complexe leur allégeance à la mère patrie. « Maîtres de la terre », ils étaient consultés par les colons. Lors des élections législatives de 1946, ils désignent le vainqueur, sans vraiment consulter les habitants. Les régimes se succèdent, la méthode persiste jusqu’à nos jours. Au fin fond de la campagne, des « ampanjaka hely » décident à la place de son peuple. Il n’y a pas d’élection ! Le petit souverain donne le pouvoir au plus offrant. Il n’est pas étonnant que lors des élections législatives ou présidentielles, un candidat obtienne plus de 98% des voix dans les zones les plus reculées. Ici, l’objectif n’est pas de juger l’attitude des « ampanjaka hely », mais de comprendre leur attitude face à l’arrogance des gouvernants. Victimes de frustration héréditaire, entre le marteau et l’enclume, ces personnages rampent devant l’argent étalé par les politiciens corpulents…

Iss Heridiny

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