
Le taux directeur de la Banque Centrale passe de 8,3% à 9%. Une hausse de 0,7 points qui aura des conséquences sur l’accès au crédit bancaire.
Madagascar continue de traverser la crise économique. Les conditions restent difficiles, selon la Banque Centrale. « L’évolution récente de la situation économique et monétaire, particulièrement sur les trois premiers mois de 2017, a été marquée par une conjoncture difficile relative à la hausse des prix » annonce cette institution dans une note de conjoncture présentée hier au cours d’une conférence de presse. «Cette dernière est, d’un côté, tirée par une baisse de l’offre liée aux intempéries
et à l’augmentation des prix de nos principaux produits d’importations. De l’autre côté,
une pression de la demande d’origine monétaire suite à l’afflux des devises et à la hausse
des besoins de financement de l’Etat ont fait accroître les excédents de liquidité bancaire».
Aggravation. Les chiffres donnés par la Banque Centrale n’ont rien d’encourageant quant à l’espoir de la population de vivre un lendemain meilleur. « Au mois de mars 2017, l’indice des prix à la consommation s’est accéléré et a connu une hausse de 8,2 pour cent en glissement annuel, contre 6,9 pour cent au mois de décembre 2016 et 7,3 pour cent en février 2017. Cette accélération des prix est attribuable à la hausse aussi bien du prix des produits locaux (+8,1%) que de celui des produits importés (+9,0%). En particulier, le prix du riz a fortement augmenté (+9,0%) suite à la sécheresse et au passage du cyclone Enawo. Après la baisse de 3,9 pour cent enregistrée à fin 2016, le prix à l’importation du pétrole a augmenté de 54,0 pour cent à fin mars 2017. La hausse des prix à l’importation des biens d’équipement a été également significative (+26,9%) ». La Banque Centrale table même sur une aggravation de la situation. « En termes de perspectives, ces tendances risqueraient de se poursuivre »
Mesure monétaire. En somme, l’inflation risque de s’aggraver dans les mois qui viennent. Comme solution, la Banque Centrale annonce une mesure monétaire et décide un relèvement de son taux directeur. « De plus, un ralentissement de l’offre dû aux intempéries subies par le pays au début de l’année risque d’engendrer, à court terme, une pression supplémentaire sur le prix. Il en est de même pour la hausse des besoins de financement de l’État. Face à ces menaces, les autorités monétaires se doivent de maîtriser le niveau de la demande. C’est dans ce cadre que le Comité Monétaire de BFM a décidé de relever le taux directeur, actuellement de 8,3 pour cent à 9,0 pour cent. Par contre, le taux des Réserves Obligatoires est maintenu à 13,0% ». Monétairement parlant, cette mesure a bien évidemment sa raison d’être, mais elle peut aussi être antiéconomique dans la mesure où la hausse du taux d’intérêt des banques primaires qu’elle va entraîner freinera l’accès aux crédits bancaires, et les investissements.
R.Edmond