Si depuis quarante six ans de nombreux pays de la planète ont décidé de se réunir afin de lutter pour la défense de leur patrimoine commun qu’est cette belle langue française, il faut bien admettre qu’il était grand temps de réagir, car le danger de perte d’influence internationale est bien réel. Copiant les académies de l’antiquité puis de Florence en Italie, les intellectuels français du XVe et XVIe siècle se lançaient dans la création d’académies telles celles des sciences, de la sculpture et de la peinture. Sous l’influence de Richelieu, puis de Colbert et Louis XIV, l’Académie Française fut créée en 1635. Afin d’unifier la nation, l’usage du français était obligatoire dans tous les actes administratifs et cela allait porter la France à la tête des nations civilisées. Il ne sera pas question uniquement de littérature au sein de l’institution française, mais de linguistique, au sens le plus étroit du mot. La principale fonction de l’Académie Française sera de travailler avec tout le soin possible à donner des règles certaines à notre langue, à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences avec fitness. De nombreuses académies allaient naître par la suite en provinces et dans de nombreux pays européens faisant de la langue française la première d’Europe. Les conquêtes coloniales allaient permettre à la culture française de se développer en Afrique et en Amérique et en Asie.
Dans le Continent africain le français est devenu langue nationale dans 23 des 54 pays. Les autres langues nationales viennent pour la plupart d’Europe, de Grande-Bretagne, du Portugal et d’Espagne. C’est très agréable lorsque l’on pose le pied en terre africaine d’entendre parler un langage que nous aimons, mais il ne faut pas se voiler la face, il est indispensable de faire des efforts pour que le français résiste et existe encore sur le plan universel. L’Académie française fonctionne toujours bien et nos intellectuels mettent régulièrement le dictionnaire à jour. Il existe cependant le problème de la simplification d’une grammaire paraissant figée, d’une orthographe parfois illogique et même d’une prononciation de mots surprenante. C’est sûr, internet et les SMS font des ravages notamment chez les jeunes qui ont presque inventé une autre forme d’écriture. Il faut aussi que ces sommets puissent réfléchir, faire des propositions et envisager l’avenir avec confiance notamment en ce qui concerne la solidité de notre langue sur le plan international.
Faut-il s’inspirer du Québec ? S’il est un pays, ou tout du moins une région qui lutte bec et ongles pour la défense de son patrimoine linguistique, c’est bien le Québec au Canada. Dans un pays qui compte deux langues nationales, « la belle province » nom affectueux donné à la province québécoise, tout mot anglais est banni du vocabulaire. La culture française rayonne à travers ses artistes, ses écrivains et ses chanteurs qui se produisent dans le Monde en prenant soin de mettre en valeur leur patrimoine historique. Aux Etats-Unis, les Communautés francophones se font entendre dans un environnement partout anglophones. L’Etat de Louisiane a admis dans sa constitution le droit à l’usage du français dans les actes civils. Avec une forte présence en Californie, dans le Maine et dans le Vermont ce sont près de 1,7 million de personnes, de langue maternelle française, qui vivent dans ces Etats.
Jusqu’à l’indépendance, la France était bien présente en Indochine, mais la création de l’association des pays d’Asie du Sud-Est (ASEAN), la langue française a beaucoup de difficultés à se faire une place dans ce véritable marché commun du Sud-Est Asiatique composé des Philippines, de l’Indonésie, du Timor, de la Malaisie, de Singapour, de Thaïlande, de Birmanie. Le Laos, le Vietnam et le Cambodge n’ont pu faire admettre la langue française dans des discussions effectuées essentiellement en anglais.
Dans la plupart des pays africains,la langue française est un lien indispensable entre les ethnies d’un pays qui peut comporter jusqu’à trois cents dialectes sur son territoire. De nombreuses nations européennes et africaines possèdent parfois trois ou quatre langues officielles comme la Belgique (Flamand ou Wallon), Luxembourg (Allemand, Français et Luxembourgeois), la Suisse (Roman, Italien, Allemand et Français), Maurice et Seychelles (Créole, Anglais et Français).
L’Algérie, troisième pays comptant le plus de francophones sur son territoire, après la France et la République Démocratique du Congo avec 11, 2 millions de personnes n’est pas adhérente de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
La France de part ses territoires et départements d’Outre-Mer est présente dans quatre Continents.
Puisque ce pays est en haut de l’affiche de l’actualité de façon dramatique, il faut signaler que la Syrie tout comme le Liban d’ailleurs a été administrée par la France de 1920 à 1946 sous le régime de la Société des Nations l’ancêtre de l’Organisation des Nations Unies. Encore actuellement il existe un grand nombre de francophones parmi les élites chrétiennes d’Alep et de Damas deux villes meurtries par la guerre impitoyable qui sévit actuellement.
Francis HERBET