
« J’insiste sur le ciblage de l’aide en faveur des MPME pour une meilleure efficacité »
Les propositions du secteur privé dans le cadre de l’élaboration du plan de mitigation contre le Covid-19 comprenant le plan de sauvegarde et le plan de relance économique après cette crise sanitaire ont été rejetées par l’Etat. Il se plaint ainsi car l’appui du gouvernement pour les MPME (Micros, Petites et Moyennes Entreprises) tarde à venir alors que les impacts socio-économiques de cette crise sanitaire sont de plus en plus conséquents. Il réclame, entre autres, 50 milliards d’Ariary par mois pour indemniser les employés envoyés au chômage technique. Face à cette situation, l’économiste, Fano Andriamahefazafy, qui est un enseignant-chercheur à l’université d’Antananarivo nous livre ses points de vue dans une interview.
Midi Madagasikara (M.M) : Des milliers de MPME déposeraient leurs bilans à compter du mois prochain, faute de soutien de l’Etat, selon le secteur privé. Quelle est votre réaction ?
Fano Andriamahefazafy (F.A) : C’est un peu dommage. Il va falloir s’asseoir autour d’une même table pour négocier et aboutir à un accord entre les deux parties. La grande majorité des employés du secteur privé se trouve actuellement dans une situation plus que précaire. Les indemniser fait partie de l’un des aspects du plan proposé. On attend ainsi les mesures proposées par l’Etat. Espérons que le président de la République fera une déclaration sur ce sujet durant son allocution ce dimanche de Pentecôte. En revanche, rien n’empêche l’Etat de conditionner et de bien cibler l’aide en faveur des MPME pour plus d’efficacité et d’efficience.
M.M : Quelles mesures suggérez-vous face à cette situation?
F.A : Parmi le financement reçu par Madagascar de la part des partenaires techniques et financiers, une partie de ce fonds peut être consacrée à l’aide aux employés du secteur privé et certaines entreprises. Sur le plan économique et social, il s’avère important de procéder à une telle mesure compte tenu des impacts de cette crise sanitaire à Madagascar. Toutefois, il faut bien cibler et mettre en place des critères objectifs pour sélectionner les bénéficiaires. Des montants progressifs peuvent être également proposés suivant ces critères imposés. A mon avis, il faudra axer les pourparlers entre le secteur privé et l’Etat sur ce point.
M.M : Etes-vous pour ou contre l’allègement fiscal et non pas le report des échéances fiscales en faveur des MPME ainsi que la suppression de l’IRSA pour augmenter le pouvoir d’achat des salariés ?
F.A : C’est une question de répartition de revenu et de captage de l’aide. C’est la raison pour laquelle, j’insiste sur le ciblage de l’aide en faveur des MPME pour une meilleure efficacité et efficience. Et pour les employés, il faut privilégier l’aide directe ou le remboursement après le paiement de l’IRSA. En procédant ainsi, nous avons l’assurance que ce sont les salariés qui en bénéficieront directement et voient une augmentation de leur pouvoir d’achat.
M.M : Quid du plan de relance économique en général après cette crise sanitaire qui sévit dans le pays ?
F.A : Je réitère encore, meilleur ciblage de l’aide et efficacité doivent être les maîtres-mots. Une approche globale et macro-économique doit aller de pair avec une approche sectorielle. Le plan doit être ainsi discuté par les deux parties, secteur par secteur, pour s’assurer de son efficacité. A titre d’illustration, le secteur du tourisme n’aura pas les mêmes contraintes et besoins que le secteur minier par exemple. En outre, il faudra bien évaluer les manques à gagner par secteur et discuter ensemble des options de relance économique.
A part cela, l’après-crise est également l’occasion de mieux structurer l’économie nationale. On peut, entre autres, la recentrer davantage sur le développement de la production locale et l’incitation de la population à consommer les produits « Vita Malagasy ». Le plan de relance économique peut être ainsi orienté dans ce sens tout en activant les leviers y afférents.
Propos recueillis par Navalona R.