Il y a un mois de cela, il fait le buzz sur les réseaux sociaux. Ancien international malgache de football, Tabera Randriamanantsoa doit beaucoup au sport car, grâce à son talent de footballeur il a pu vivre son rêve. Il est la preuve vivante du pouvoir du sport dans le changement d’une vie. C’est la seconde fois qu’il se présente à l’élection présidentielle après 2013.
Issu d’une famille nombreuse, Tabera Randriamanantsoa est le benjamin d’une fratrie de 11 enfants. Il est né en 1954, marié et père de cinq enfants. Tabera accorde beaucoup de valeur à la famille. Il est le fils de Philippe Tabera et d’Elisabeth Ravao. Cette personnalité malgache se caractérise par sa grande capacité d’écoute et son sens du dialogue puisés dans la culture du Sud-Est d’où il est originaire. Il se veut être une personnalité accessible, proche du commun des Malgaches. «Notre culture nous apprend la tolérance et le Fihavanana », aime-t-il répéter.
Le sport mène à tout. A tout juste, huit ans, il a perdu son père et c’est sa mère seule qui l’a élevé. Ses frères et sœurs ont dû arrêter très tôt les études, faute de moyens financiers, et seul lui a pu continuer son cursus scolaire. Une éducation qui a trempé son caractère déterminé, car rien ne prédestinait cet enfant aux origines modestes du village de Evato (commune de Fenoarivo, Farafangana) à accéder aux plus hauts rangs de la politique de Madagascar. Pour pouvoir bénéficier de l’instruction, cet enfant du pays devait parcourir trois kilomètres à pied, traversant par endroit des rivières soit en barque, soit en marchant. Un parcours qui se faisait ballon au pied et sourire aux lèvres et qui a permis au fil du temps d’acquérir, par la force des choses, à la fois le talent sportif et un moral de gagnant. Se démarquant rapidement, il quitta alors son village natal pour Farafangana avant de conquérir Antananarivo, où il saura brillamment marier études et sport. A l’âge de 15 ans, de par son talent, Tabera a été reperé par l’équipe de football de MAER, et son aventure a commencé depuis. Les férus du ballon rond l’ont aidé, à 16 ans, il a étudié à école Johnson d’Arivonimano puis à 17 ans, il a intégré l’équipe nationale malgache. Après Arivonimano, il a joué à Manakara où il a eu son pré-bacc en 1976 sous l’impulsion de Sileny Paul. En 1977, il a eu son baccalauréat et a intégré la 12e promotion de l’Académie militaire. Il a eu une bourse d’études à Cuba où il a étudié l’économie et le commerce extérieur. En 1984, il est de retour au pays et a déposé sa démission militaire. Il a travaillé en tant qu’assistant du directeur général du commerce extérieur qui n’est autre que Pierrot Rajaonarivelo. Il a eu de nouveau une bourse en Algérie mais, à cause de la guerre, il est retourné au pays. Il a occupé le poste de chef de service de documentation à l’école ENFAR et de nouveau bénéficié d’une bourse pour approfondir ses expériences en documentation à Lyon puis au sein de l’IAP en tant qu’administrateur civil.
Défenseur du fédéralisme. Il a commencé la politique en 1991. Il a fait une déclaration le 8 mai 1991 aux cotés de Vaovao Benjamin, Jasy Lucien sur le fédéralisme. Il a lutté avec les Monja Jaona et le colonel Brechard. Il inspire la confiance par sa propension à servir les grandes causes liées à l’humanisme et au social. Tabera Randriamanantsoa a en lui, comme inné, le socialisme. Une des raisons qui l’a poussé à adhérer dès sa vie de collégien au parti « Vonjy Iray tsy Mivaky », qui mettait en avant le dialogue, prompt à résoudre tout conflit au nom des valeurs socialistes qui constituaient la base de l’éducation. Il a été élu député de Madagascar en 1996. C’est en ce moment qu’il a rencontré le président Albert Zafy. Il l’a soutenu en 2001 lors de l’élection présidentielle. Devenu proche de ce dernier, il partage avec lui, à travers le Comité pour la Réconciliation Nationale, l’idéologie ayant pour principe de désamorcer les tensions qui minent la vie politique à Madagascar. Une organisation créée par les deux hommes après la crise de 2002. Lors de la crise de 2009, il fait partie de la mouvance Zafy Albert avec qui il a participé aux accords de Maputo I et II, Addis-Abeba et de Pretoria. Il a été nommé ministre de la Fonction Publique, du travail et des lois sociales lors du gouvernement d’union nationale de la Transition.
Fokontany et fokonolona. Précurseur du Fédéralisme Malagasy, il a créé le Parti Kintana et a la ferme conviction que la solution pour un développement harmonieux de tout Madagascar ne peut être que d’origine malgache et se travaille à la base de la société malgache : le « Fokontany » et le « Fokonolona Masimandidy ». Il s’est présenté à l’élection présidentielle de 2013. Cette année, il a de nouveau décidé de se porter candidat à l’issue du congrès du parti le 20 août 2018. La responsabilité et la prise de conscience doivent se faire à tous les niveaux, les moyens doivent être donnés à chaque localité pour se développer et dépasser le système désuet du pouvoir central à Madagascar. Si son attachement profond aux traditions malgaches et son ascendance royale font de lui un membre éminent de l’association des « Ampanjaka » à Madagascar, c’est pour son pragmatisme et son dévouement que les « Vovonan’ny Raiamandreny ara-drazana », gardiens du « soatoavina malagasy (valeurs traditionnelles malgaches) », lui renouvellent leur confiance pour présider Madagascar lors du conclave du mois de septembre 2018. Pour lui, Madagascar n’est pas encore totalament indépendant et souverain. « Pour l’organisation de l’élection, la CENI fait appel à la communauté internationale. Le budget de fonctionnement est financé par la FMI. Si je suis élu à la tête du pays, je réviserai les accords avec les bailleurs internationaux », a-t-il déclaré.
Tanjona HARIJAONA