A l’instar de l’économie malgache qui peine à se redresser des impacts d’une crise politique cyclique depuis les républiques qui se sont succédé et aggravée par les effets dévastateurs de la crise sanitaire, la compagnie aérienne nationale n’arrive toujours pas à retrouver du bon envol.
Terrain de la honte
Et ce n’est visiblement pas demain la veille en ce qui concerne le relèvement de la compagnie dont l’aile est plombée par 80 millions de dollars de dettes qu’elle n’arrivera évidemment pas à éponger toute seule. Depuis le régime Rajaonarimampianina, l’Etat est venu à la rescousse de la compagnie en tentant de l’accompagner dans un plan de redressement. L’actuel pouvoir exécutif a repris le flambeau tant bien que mal mais le fameux business plan n’a toujours pas réussi à sortir de la zone sous douane. Il aura fallu le déclenchement de la procédure de redressement judiciaire décidée en novembre 2021 pour que les choses sérieuses commencent enfin. La mise sous location gérance de la licence d’exploitation d’Air Madagascar et de sa filiale Tsaradia, au profit d’une nouvelle compagnie, Madagascar Airlines a été considérée par les autorités, dont en premier lieu, le Conseil d’administration comme la solution ultime pour redresser rapidement la compagnie qui malheureusement se retrouve de nouveau coincée dans la dédale d’une guerre de leadership au sein de son instance dirigeante. Le ministre des Transports Roland Ranjatoelina et l’administrateur Rinah Rakotomanga sont partis dans une guerre intestine qui ne fait évidemment pas honneur au régime. L’opposition n’a d’ailleurs pas manqué de sauter sur cette occasion de « ady an-trano » pour fustiger la mauvaise gouvernance des affaires nationales. Qui a raison entre Roland Ranjatoelina et Rinah Rakotomanga ? Les deux personnalités multiplient les interventions médiatiques pour essayer de se justifier en arguant chacun qu’ils agissent avant tout pour l’intérêt de la compagnie. Mais sur le terrain, le constat est évident. Le processus de redressement de la compagnie aérienne nationale se trouve de nouveau ralenti par cette guerre intestine dans laquelle la plus haute autorité du pays va devoir trancher à travers une décision qui doit être prise à l’endroit de l’une ou l’autre partie en présence et peut-être les deux. A défaut, la compagnie aérienne nationale considérée depuis toujours comme le porte-étendard du pays risque de rester encore un terrain (d’atterrissage) de la honte qui a pour nom « ady an-trano ».
R.Edmond