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vendredi, juin 13, 2025
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Tosika Fameno : Des ménages trichent pour en bénéficier

Des familles de la capitale faisant la queue pour recevoir leur part de Tosika Fameno.

Supposé réduire les inégalités en aidant les familles vulnérables à subvenir à leurs besoins primaires durant la crise actuelle, le Tosika Fameno fait parler de lui en mal.

« On est actuellement en guerre pour assurer notre survie. Comme nous n’avons pas eu d’activités économiques depuis la déclaration du confinement, l’on devait tout faire pour bénéficier des aides venant de l’Etat ». Ce sont là les propos de Haja (nom d’emprunt), conducteur de taxi dans la capitale malgache pour faire état des difficultés endurées par la majeure partie de la population tananarivienne depuis la crise du Covid-19. Haja fait partie de cette frange de la population qui vit au jour le jour, et il s’est retrouvé du jour au lendemain sans activité génératrice de revenus. Et l’expression « tout faire pour bénéficier des aides venant de l’Etat » aurait pris tout son sens. Comme l’a fait savoir notre interlocuteur : « nombreux ménages ont eu recours à la triche durant les enquêtes menées dans le cadre de l’octroi du Tosika Fameno ». « Le choix était vite fait entre dire la vérité sur la situation financière réelle de notre ménage et ne rien espérer ou mentir dans le but de figurer sur la liste des bénéficiaires», lance Haja avec un air désolé.

Iniquité. L’entretien effectué avec le taximan d’Antananarivo a également permis de connaître l’un des modes opératoires des ménages tricheurs. « Le fokontany nous a donné rendez-vous dans un établissement scolaire public pour mener l’enquête afin de déterminer les bénéficiaires. A notre arrivée, un agent enquêteur du FID était déjà présent dans une salle de classe. L’agent en question nous a posé des questions comme : le type de maisons que nous avons (en planche, en sachet ou en brique), notre revenu journalier et/ou mensuel et notre travail. Personnellement, j’ai répondu que je vis dans une maison en planche, que je travaille dans une société franche et que je gagne la vie au jour le jour depuis le début de la crise. Et je ne suis pas le seul à l’avoir fait, vous pouvez me croire » explique Haja. Avant de lâcher « et ça a payé, ma famille a figuré parmi les bénéficiaires du Tosika Fameno ». Interrogé sur la procédure de pré-enregistrement, le FID ou Fonds d’Intervention pour le Développement – une des agences de mise en œuvre du projet – d’expliquer « l’on procède par auto-ciblage. C’est-à-dire, les bénéficiaires se sentant vulnérables sont invités à s’inscrire pour être des ménages-candidats. Selon leurs déclarations, ces derniers sont ensuite classés suivant leurs degrés de vulnérabilité ». Une étape qui précède la procédure de paiement selon toujours les explications recueillies auprès du FID. Pour ce qui est du choix des bénéficiaires, l’organisme de faire savoir que cela se fait : « selon leur degré de vulnérabilité : nombre d’enfants, existence de personnes dépendantes ou à charges, type d’activités génératrices de revenu, type d’habitation, existence de service d’eau et/ou d’électricité à domicile… »

Données. La triche de certains ménages pourrait avoir des conséquences considérables sur la répartition des aides en privant ceux qui sont vraiment dans la nécessité de ce dont ils ont réellement besoin. Ces faits font également poser des questions sur la fiabilité du registre social devant être mis en place prochainement. Ce registre devrait être « le produit de la combinaison de la liste additionnelle des personnes vulnérables, mise en place durant cette crise du Covid-19, avec la liste des bénéficiaires des actions de protection sociale déjà initiées par l’Etat depuis des années », selon le ministère de la Population. Il devrait permettre d’identifier « les bénéficiaires éligibles à un programme spécifique » relatif à la protection sociale. A en croire Haja, les données recueillies ne reflètent pas la réalité dans les Fokontany. Si des observateurs trouvent que la répartition du Tosika Fameno – qui est une restructuration de programme de protection sociale existant – se fait de façon désordonnée, d’autres se demandent quant à eux pourquoi l’on n’a pas eu recours aux données recueillies durant le troisième recensement général de la population et de l’habitat dans le cadre de ce projet.

José Belalahy

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