
Alors que l’Etat ne dispose pas d’assez de concentrateurs d’oxygène pour prendre en charge les cas graves du Covid-19 (l’importation de ces équipements serait en cours), le business des ventes et/ou location de concentrateurs d’oxygène prolifère.
La santé coûte chère. Expression qui résume généralement la situation de nombreux malades malgaches mais qui se serait renforcée durant la crise sanitaire liée au Covid-19. En effet, compte tenu des limites en termes de capacité d’accueil des centres de traitement de Covid-19 d’un côté, et de la hausse continuelle du nombre de patients présentant des formes sévères de la maladie de l’autre, les concentrateurs d’oxygène seraient rares. Il conviendrait, par ailleurs, de noter que ces équipements sont indispensables pour le bon déroulement de l’oxygénothérapie. Face à cette demande accrue, et loi de l’offre et de la demande oblige, des sociétés, des individus ou même des médecins proposeraient, soit la location soit la vente des concentrateurs d’oxygène. Un business florissant qui prend de l’ampleur dans cette situation de crise. « Les tarifs varient en fonction de la personne qui propose l’offre. Comme pour mon cas, j’ai dû louer un concentrateur d’oxygène à 200.000 Ar par jour de location. Et je peux vous dire qu’après une dizaine de jours de traitement, l’expression “la santé coûte chère” a pris tout son sens » avance Jao (nom d’emprunt), un patient qui est guéri du Covid-19. Si l’on ne prend que ce tarif, la facture d’un traitement de dix jours serait de 2.000.000 d’Ariary rien que pour le concentrateur d’oxygène. A cela devrait s’ajouter le coût des médicaments et autres frais inhérents au traitement.
Moyens. D’autres personnes choisissent d’acheter directement l’équipement. Les offres ne manquent pas. Pharmacie, réseaux sociaux, entreprises de vente d’équipements médicaux, tous proposent des concentrateurs d’oxygène. Les prix varient et peuvent même aller jusqu’à 7 millions d’Ariary. Pour dire que le traitement du Covid-19 revient cher pour ceux qui ont fait le choix de se soigner chez eux. L’Etat, quant à lui, et compte tenu des besoins essentiels pour la lutte, continue de recevoir des aides de la part des partenaires techniques et financiers qui ont décidé de répondre à l’appel au secours du ministre de la Santé publique. Un appel qui semblerait lui coûter son poste vu les travaux de couloir qui se font en haut lieu et la soi-disant imminence du remaniement. La remise officielle de médicaments et d’intrants de la part de l’OMS hier est une parfaite manifestation de cet appui des partenaires techniques et financiers de Madagascar. En effet, ces aides – dont l’Etat ne semble pas disposer pour le moment et ce malgré sa fierté et son amour-propre – devraient permettre de renforcer le système de santé malgache qui a été mis à mal par l’épidémie de Covid-19.
Dans cette lutte, les capacités d’accueil des centres de traitement du Covid-19 sont saturées. Les patients atteints de la forme grave– au lieu d’être renvoyés chez eux – sont reçus auprès des centres de traitement des cas modérés. D’ici la venue des concentrateurs d’oxygène importés par l’Etat, les malades des formes sévères de Covid-19 et qui n’ont pas les moyens de se soigner chez eux auraient le temps… de mourir.
José Belalahy