A l’occasion de la journée mondiale de la ménopause, célébrée tous les 18 octobre depuis 1984, saisissons l’occasion d’aborder cette étape cruciale et parfois peu évidente de la vie d’une femme, qui est vécue plus ou moins dans la résignation (et la pudeur) à Madagascar.
Littérature scientifique. Dans la littérature scientifique malgache, peu de recherches concernant la ménopause ont été répertoriées. Toutefois celles menées par J.Razakamaniraka, L.Ramialison et MJ Ramiaramanana semblent jusqu’à ce jour les plus détaillées et (relativement) représentatives des réalités du contexte malgache. Ainsi dans cette étude menée sur un échantillon de 150 femmes, issues de trois grandes agglomérations de Madagascar (Antananarivo, Toamasina et Fianarantsoa).150 femmes aux profils socio-économiques et antécédents médicaux divers (antécédents gynécologiques et obstétricaux, âge et troubles de la ménopause, etc.). Notons que les profils socio-économiques, autant que les facteurs naturels ; et l’état psycho affectif de la femme jouent beaucoup dans la manière de vivre la ménopause. Ainsi concernant cette étude : 39 cultivatrices, 46 ménagères, 33 professions libérales (pâtissières, brodeuses, etc…) et 32 employées de bureaux dont un médecin. Il est ainsi apparu que chez la femme malgache, la ménopause apparaît entre 45 et 55 ans, avec un âge médian de 48, 41 ans et que seules 11,4% des concernées ne ressentent pas les troubles de la ménopause (bouffées de chaleurs, prises de poids, troubles neuropsychiques et perte de la libido, hypertension, etc.). Selon les auteurs : « Ces troubles sont souvent intériorisés et la patiente ne s’en rappelle qu’après un interrogatoire serré. Rares sont celles qui ont consulté pour ces troubles. Il semble donc que la femme malgache, de par sa philosophie, accepte la ménopause comme un phénomène naturel et subit ces troubles avec résignation ».
Statistiques. Ces recherches ont livré des statistiques intéressantes concernant comment les femmes malgaches vivent (les troubles de) la ménopause. Ainsi il est apparu que les cultivatrices sont celles qui souffrent le moins des bouffées de chaleur et que 78, 13% des bureaucrates seraient concernées par ce trouble. En revanche, les bureaucrates sont celles qui souffrent le moins d’une perte ou d’un trouble de la libido (65, 63%) alors que 91% des cultivatrices perdent leur libido au cours de la ménopause, contre 82,43% et 81,82% pour les ménagères et celles qui exercent en profession libérale. Autre fait marquant en ce qui concerne les troubles neuropsychiques (comme les troubles de l’humeur) : avec 65,33%, les bureaucrates seraient les plus exposées. Certes, dans d’autres pays, occidentaux pour la plupart, des méthodes de traitement des troubles de la ménopause (hormonaux, psychologiques) existent ; mais à Madagascar, ils demeurent encore peu accessibles au grand nombre. Par pudeur et par habitude, mais aussi par manque de moyens, les ménages préfèrent injecter de l’argent dans d’autres domaines plus urgents. Par ailleurs, il faut noter que la ménopause, passée son lot de désagréments, représente aussi une sorte de libération pour les femmes et même pour le couple dans une certaine mesure : la possibilité de vivre une sexualité épanouie sans les contraintes de la contraception et de la planification familiale. Au niveau mondial, l’enjeu est bien réel, car l’Organisation mondiale de la santé estime qu’environ 1,2 milliards de femmes auront 50 ans en 2030, donc seront de près ou de loin concernées par la ménopause.
Luz Razafimbelo