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jeudi, mai 16, 2024
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Tsihaligno Rangers : « Il n’y a pas d’histoire partagée entre les Malgaches »

Le chercheur Tsihalogna Rangers, sortira un livre à contre-courant
sur Madagascar en septembre

En septembre, un livre sur le côté occulté de l’histoire de Madagascar sera publié sous la plume de Tsihaligno Rangers, historien et ancien étudiant à Science–Po. Il livre ici quelques détails sur ce futur ouvrage, où les reines, les rois, les groupes humains et les « collabos » s’entremêlent.   

Midi Madagasikara : Parlez-nous du livre que vous allez publier en septembre ?

Tsihaligno Rangers : C’est un livre sur l’histoire de Madagascar et qui parle beaucoup de faits d’histoires inédits que l’histoire officielle occulte. Il a six chapitres qui racontent l’histoire de Fandana à Ambalavao – les Betsileo qui se furent suicidés au lieu de se rendre aux troupes de Radama l’histoire des esclaves malgaches oubliés sur l’île de Tromelin, de Massavana celui qui l’a vendu comme esclave au Cap en Afrique du Sud, l’histoire des Bara, l’histoire de l’idylle entre Radama et Rasalimo et l’histoire des Betsimisaraka. Le dernier chapitre, le septième que je finalise en ce moment l’histoire de ces « collabos » au temps de l’arrivée de Galliéni à Antananarivo. 

MM : Vous pensez que les malgaches sont prêts à lire ou à entendre des versions qui pourraient être contradictoires de l’histoire « officielle » ?

TR : Mon histoire se destine à une œuvre de réconciliation nationale parce qu’il n’y a pas d’histoire partagée entre les Malgaches depuis l’époque des royaumes et jusqu’aux indépendances. L’idée de nation ou « firenena » que l’on affirme est encore un vain mot parce qu’il ne repose sur rien. Même si cette histoire pourrait être source de frictions entre les Malgaches, nous devrions quand même les présenter à leurs connaissances. Pour qu’ils soient en phase avec leur histoire. C’est notre réconciliation qui est en jeu car les Malgaches adoptent une forme d’hypocrisie dans leurs relations entre eux et surtout vis-à-vis de leurs histoires. 

MM : D’où une dimension historico–politique…

TR : Les crises politiques qui se suivent ne font qu’alimenter cette histoire pour crisper les Malgaches entre eux parce qu’il n’y a pas d’histoire partagée entre les gens des hautes terres et celles des provinces. Alors que les exemples abondent en la matière. Mais personne ne relève ce défi. De plus, le ministère de l’Education nationale avait failli dans l’enseignement de l’histoire. Elle n’est pas au service de cette réconciliation nationale parce que c’est l’histoire de la monarchie en Imerina uniquement que le ministère dispense dans les collèges et les lycées sur tout le territoire national. Une erreur monumentale. Si l’on veut réconcilier les Malgaches avec leurs histoires, il faut que le ministère revoie sa copie.

MM : Comme quoi l’histoire du pays n’était pas seulement faite de guerres et de divisions monarchiques, il y avait aussi des efforts de paix réels ? 

TR : J’ai déjà partagé ici l’histoire de l’idylle entre Radama et Rasalimo. C’est une histoire qui avait réconcilié les Merina et les Sakalava. C’est ce genre d’histoires que l’on devrait enseigner à nos enfants. Les exemples abondent.

MM : Comment avez-vous fait pour récolter les matières, les éléments pour la rédaction de ce livre ?

TR : Toutes mes histoires sont sourcées et bien documentées. Je me suis basé aussi sur les archives militaires d’Aix en Provence en France.  

MM : Vous évoquez les « collaborateurs », l’expression consacrée, malgaches durant l’occupation française, d’après vous pourquoi il a fallu attendre plus d’un demie siècle pour qu’un écrivain/chercheur s’y intéresse ?

TR : Ce n’est pas un sujet qui passionne les chercheurs je pense. Même en étant chercheurs, on a ses racines et le fait de s’intéresser à ce genre d’histoire risque pour certains de discréditer sa communauté d’origine. 

La plupart des personnalités qui avaient collaboré avec les autorités françaises au temps de Galliéni viennent tous des Hauts-Plateaux centraux. En écrivant ce livre, je voudrais remettre les pendules à l’heure parce qu’on met sur le dos des Sakalava qui avaient collaboré avec les troupes françaises lors de leur débarquement à Majunga l’origine de la défaite des troupes de Ranavalona. Ce qui est une fuite en avant alors que les élites sur les Hauts-Plateaux étaient toutes compromises. 

MM : Est-ce que vous pouvez citer quelques noms, et leur rôle en tant que collaborateur ?

TR : Il y a Rafanoharana sur la photo que je viens de vous envoyer, Ralambotsirofo le chef de la police à Antananarivo, Rasanjy gouverneur principal de l’Imerina, Rainianjanoro et Rainianjalahy les deux généraux de l’armée de Ranavalona III. Il y avait aussi le chef des Manisotra et des Maintiendreny qui furent tous compromis. J’ai une liste de trente personnalités que je publierai dans mon livre. Il y a Rafanoharana, Ralambotsirofo…

MM : D’après vous donc, la version conventionnelle et actuelle de l’histoire coloniale malgache a été écrite par qui, les français, les historiens des hauts plateaux centraux, les chercheurs… ?

TR : Elle fut écrite par les explorateurs et les missionnaires anglais et français. Comme l’Imerina fut la région qui avait accepté de se mettre en relation avec eux, normal si les « Tantara ny Andriana » furent axés majoritairement sur l’histoire des gens des Hauts-Plateaux. Le révérend Père Callet n’est jamais sorti d’Antananarivo pourtant c’est lui qui raconte l’histoire des campagnes militaires de Ranavalona dans l’est, l’ouest et le sud. C’est une histoire à prendre avec des pincettes.

MM : Ne pensez-vous pas que ce livre fait partie de la longue liste des livres écrits par des malgaches à l’étranger, qui ne verront que quelques-uns sur les 25 millions de malgaches ?

TR : C’est ça aussi le défi parce que les Malgaches de base n’ont pas un minimum de pouvoir d’achats pour s’acheter un livre. Dû à ce handicap, ils n’auront pas l’opportunité de lire un pan de leurs histoires racontées dans les livres. Mais je ferais un effort pour rendre le prix du livre le plus abordable possible. 

MM : Parlez-nous maintenant de l’écrivain ?

TR : Mon nom est Rangers Tsihaligno. Je suis le cinquième enfant de mon père Randrianasolo Joseph Latimer et de notre regrettée mère Maho Anjene Vivyan Jeannette. J’avais étudié l’histoire à l’université d’Ankatso puis j’avais soutenu ma mémoire de maîtrise à Paris. Puis, j’avais bifurqué pour réaliser un mémoire de maîtrise en Science Politique. Je travaille à Paris en ce moment. J’avais oublié aussi, j’avais suivi une formation diplômante en journalisme écrit à l’université d’Ankatso en 1997. La directrice et le directeur de la Radio Nasionaly Malagasy et de la Televiziona Nasionaly Malagasy actuel font partie de ma promotion. 

Recueillis par Maminirina Rado 

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8 Commentaires

  1. On est au 21 siècles. on n’est plus au temps de Radama ni de Galiiéni.
    Pourquoi les tambany sont toujours en retard? Pourquoi ils ne sont pas évolués?
    Sont ils toujours esclaves? Ont ils besoin de revanche?
    Ce n’est pas clair. Est ce qu’en France on a besoin de remuer l’histoire pour que les bretons ou les bourguignons prennent leur revanche sur Charlemagne?

    • Monsieur ou Madame Lucide. Je suis originaire des hauts plateaxu et ce qui fait ma fierte et ma personnalite c’est d’avoir cherche a travailler pendant plus de 8 ans sur la cote est de Mada, Ce fut une des plus grandes experiences de ma vie a part mon empli actuel au sud Soudan car j’ai redecouvert mon ile, mon identite de vrai Malagasy (un peuple joyeux et solidaire venant de la mer et ami de la mer et de la terre et des collines !!!). Alors s’il vous plait, louons et encourageons les historiens, les citoyens, les enfants, les politiciens a operer un retour aux sources ! Rejetons le complexe et les appreciations hatives et superefitielles comme vous le faites meme si je sais que vous etes peut-etre un sage juste un peu nerveux…. Bref je sais surtout a travers votre ecrit que vous etes peut-etre un non- assez joyeux comme beaucoup actuellement. Restons Malagasy, joyeux, naturels et solidaires.

    • Ce Monsieur devrait aussi écrire un livre sur la COLLABORATION guerrière entre Sakalava et Colons Français contre les Merinas.
      Il devrait aussi écrire un livre sur la COLLABORATIION guerrière entre Antakarana et Colons Français contre les Merinas. Il devrait aussi expliquer pourquoi les Merinas sont officiellement interdits d’entrer dans certains parcs nationaux chez les Sakalava et les Antakarana . Pourtant à Tana, il n’ y a aucun endroit interdit aux « côtiers ». Encore une fois , les Malagasy ont été forcés par les colons français à former un seul pays . Nos ancêtres respectifs n’ont jamais voulu être ensemble .. Nos ethnies ne se marient pas ensemble . On n’est pas 1 nation mais plusieurs nations . Du coup , le seul système qui fonctionnera est un système fédéral comme en Suisse, en Allemagne ou aux Etats-Unis.

  2. Monsieur ou Madame Lucide. Je suis originaire des hauts plateaxu et ce qui fait ma fierte et ma personnalite c’est d’avoir cherche a travailler pendant plus de 8 ans sur la cote est de Mada, Ce fut une des plus grandes experiences de ma vie a part mon empli actuel au sud Soudan car j’ai redecouvert mon ile, mon idente de vrai Malagasy (un peuple joyeux et solidaire venant de la mer et ami de la mer et de la terre et des collines !!!). Alors s’il vous plait, louans et encourageons les historens, les citoyens, les enfants, les politiciens a operer un retour aux sources ! Rejetons le complexe et les appreciations hatives et suoprefitielles comme vous le faites meme si je sais que vous etes peut-etre un sage juste un peu nerveux…. Bref je sais surtout a travers votre ecrit que vous etes peut-etre un non- assez joyeux comme beaucoup actuellement. Restons Malagasy, joyeux, naturels et solidaires.

  3. Lucide est l’exemple de ce qu’affirme T. Rangers. D’autres réactions apparaitront à la parution du livre.
    Combien sont les dignitaires multi-voninahitra de la reine qui sont morts au combat à comparer au nombre des chefs « tambany », surtout ceux du Sud, tombés les armes à la main.?
    Combien de coups de canon ont été tirés avant que le drapeau blanc n’ait été hissé à Anatirova?
    La premire fois que cette notion de revanche a été évoquée dans certains cercles de Tana, c’était en 2002, lors du 1èr tour dia vita, ils appelaient cela : valinkitsaka.
    L’historien Ralaimihaotra avait écrit que la rédaction du « Tantaran’ny Andriana » a été formulée de manière à
    légitimiter l’accession au trône de Ranavalona, alors que la famille de Radama, ainsi que certains dignitaires, preféraient Raketaka, fille de Radama mais « tambany » de par sa mère, pour succeder à son père. Le but de Calet était de flatter Ranavalona en vue de faciliter l’expansion du catholicisme en Imerina
    Je l’ai déjà dit dans des forum, à Mada comme hommes d’Etat, il n’y a eu que Radama, Tsiranana et Ratsiraka.
    Si l’unité sert à certains pour justifier leur arrongance, alors qu’ ils retournent d’où ils viennent. À leur arrivée, ils ne connaissaient pas l’écriture, ils ne savaient pas que la viande de zébu est commestible et on les surnommait les « tavaratra lava sofina » car les hommes portaient aux oreilles des pendatifs assez lourds pour que les lobes tombaient jusqu’ à leurs clavicules comme les tribus cannibales de Bornéo. On est loin des paroles de la chanson d’Odéam Rakoto dans sa première version :
    « betsileo amin’ny arindrano, sakalava amin’ny lambahoany, ny merina mi-COMPLET, taralila ny an’drasaraka ».
    Dis « tambany » en face du pére de l’interviewé ou à un Kamamy de Belo-sur-Tsiribina pour voir.
    Je me procurerai ce livre, non pas assouvir des penchants tribalistes mais pour SAVOIR, et ce n’est pas au XXI ème que je vais condamner les descendants de ces « collabos ». Peut-être que leurs ancêtres en avaient marre de ce vieux à la primature, qui était à son troisième mandat, euh! je veux dire « à son troisième reine ».

  4. à Mikael R
    Et qui ont remplacé ces Sakalava et Antakarana lorsque les troupes française ont envahi la partie sud de l’Île ?
    les Merina bien sûr.
    L’auteur fait son boulot d’ historien, il n’ a pas à édulcorer la vérité. Ecrivez aussi un livre sur la trahison de « Tambany Andevo » comme le dit Lucide si cela vous chante, et on verra bien.
    Vous vous faites des illusions si vous croyez à tous les balivernes qu’on vous a appris. Toera et les autres au Sud ont résisté à l’invasion française comme ils ont résisté aux tentatives des merina, mais pas pour défendre la monarchie merina

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