Le malaise ressenti par la population actuellement n’est pas une vue de l’esprit. Il est alimenté par l’environnement dans lequel les Malgaches évoluent depuis un certain temps. Les étrangers louent leur faculté d’adaptation et de résignation. Les voyants sont au rouge, mais ils ne se départissent pas de cette faculté de résilience qui arrangent bien ceux qui les dirigent. Mais petit à petit, se fait jour une prise de conscience qui peut déboucher sur une colère difficilement maîtrisable.
Un pessimisme raisonné qui prend corps
Ce ne sont certainement pas les hommes politiques qui vont être à l’origine de manifestations pouvant déranger le pouvoir actuel. Ces derniers se contentent de parler des travers de ce dernier et de la situation actuelle. Leurs interpellations sont bien perçues par l’opinion qui écoute et qui prend conscience de la détérioration de ses conditions de vie. Les revendications qui voient le jour régulièrement sont souvent étouffées dans l’œuf, mais le sentiment de frustration engendré reste. Le régime a l’impression que les citoyens se sont résignés, mais des foyers de tension surgissent un peu partout car rien n’est résolu. Les assurances apportées par les soutiens du régime ne font qu’exacerber les tensions. La réalité vient souvent contredire ce qui est affirmé avec une certaine suffisance. La communication faite avec un certain talent ne suffit pas à masquer ce qui ne va pas. Les dirigeants actuels ont certainement conscience de cela, ils vont peut-être réviser leur stratégie. Les faits sont cependant têtus. Le pays est comme un bateau en train de sombrer lentement. Ses finances sont dans un piètre état et ne permettent pas la réalisation de projets qui vont permettre un redressement salutaire. Une mauvaise rumeur qui circule dit que l’État serait en cessation de paiement et qu’il ne pourrait pas assurer le paiement des salaires des fonctionnaires. Est-elle fondée ? Néanmoins, les syndicats de fonctionnaires en parlent. L’humeur des citoyens n’est pas à l’optimisme. C’est même un pessimisme raisonné qui prend maintenant corps.
Patrice RABE