Leur détermination ne fait aucun doute. Réunis autour de l’ancien président Didier Ratsiraka, les signataires des motions de la conférence nationale souveraine qui a eu lieu avant-hier au CCI Ivato ont demandé la réouverture des listes électorales et donc indirectement le report des élections. Le ton ferme employé par leur porte-parole indique qu’ils sont prêts à franchir le Rubicon et à en appeler au peuple pour arriver à leurs fins. Tout aussi ferme est la réponse du Premier ministre qui oppose une fin de non recevoir à ces 20 candidats qui sont tentés de sortir de la légalité. Dans la foulée, l’avis de la HCC concernant la révision des listes électorales vient renforcer le cadre légal du scrutin du 7 novembre prochain. Si les participants de la conférence d’Ivato semblent décidés à appeler la population à le boycotter, les autres candidats continuent leur campagne électorale tout à fait normalement et comptent affronter le suffrage des électeurs. A dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, la tension politique ne se remarque pas vraiment. Elle se résume à des échanges vifs, mais le ton bien que ferme est courtois. On subodore néanmoins que, cela peut changer, les leçons du passé nous amenant à rester prudents. La conquête de l’opinion qui bat son plein nous permet de mesurer à quel point la communication est essentielle. On s’aperçoit alors de la différence des messages véhiculés par les uns et les autres. Il y a ceux qui veulent séduire en faisant rêver leur auditoire, essayant de le séduire par des promesses démagogiques, d’autres essaient d’être plus réalistes et s’appuient sur les réalités pour avancer des propositions plus raisonnables. La part du rêve ne doit pas escamoter les conditions de vie difficiles de la majorité de ces électeurs qui, finalement, ne prennent pas pour argent comptant ce qu’on leur dit.
Sur le plan international, c’est l’affaire de l’assassinat du journaliste saoudien Khashoggi dans les locaux de son consulat à Istanbul. D’une simple disparition, on est très vite passé à un meurtre. L’Arabie Saoudite qui a dans un premier temps parlé d’ une rixe entre le journaliste et des membres du personnel de la représentation consulaire pour finalement reconnaître que ce dernier avait été assassiné. Le président turc Erdoggan est monté au créneau et a affirmé devant le parlement qu’il s’agissait d’un crime et que toute la lumière serait faite sur les circonstances dans lesquelles il a été commis. Tout a cependant été fait pour écarter la responsabilité du prince héritier Mohamed Ben Salman qui, dit-on, « n’aurait pas été informé de l’opération ».. L’affaire a pris une tournure internationale, puisqu’après les révélations d’Erdoggan, Donald Trump a affirmé que des mesures seraient prises si les informations avaient été avérées. Angela a menacé de geler les contrats d’armement conclus avec l’Arabie Saoudite. La France qui, dans un premier temps, est restée prudente s’est ensuite mise à l’unisson de tous ses partenaires.
Aux Etats-Unis, la psychose terroriste bat son plein. Les colis piégés envoyés à des élus démocrates ont mis en émoi la classe politique. Donalf Trump, dans un premier temps, a condamné ces actes et a eu un ton rassembleur. Mais il a ensuite repris ses attaques contre les médias. Une chasse à l’homme a été organisée par le FBI. Un suspect a été arrêté en Floride.
Le climat politique s’est tendu après les déclarations des organisateurs de la conférence souveraine au CCI. Les mises en garde des partisans de l’élection se multiplient, mais pour le moment aucune action d’éclat n’est envisagée de part et d’autre. On verra comment évoluera la situation dans les jours à venir. C’est une nouvelle donne qui apparaît à une dizaine de jours du premier tour de l’élection.
.Patrice RABE