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vendredi, mars 29, 2024
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Vangy tany manintsy – Vohémar : Entre cultuel et culturel

Pour les Iharaniens, ou les Sakalava-Anjoaty, renier la culture est hors de question, c’est une identité. Ils la conservent, la transmettront à la future génération. Le jôro à Ambavan’Iharana, ou jôro vangy tany manintsy s’est déroulé du 1er au 3 octobre dernier à Vohémar, la capitale Anjoaty.

En fait, tous les trois ans, ce groupe ethnique effectue une visite des lieux de sépultures, par ailleurs, c’est une façon de consolider les « sakalava-Anjoaty » d’Iharana qui se sont éparpillés dans les quatre coins de la Grande-ile, ou à l’extérieur du pays. En effet, le vangy tany manintsy est un rendez-vous traditionnel de la région. « Pour nous, c’est un pèlerinage, nous visitons les tombeaux de nos ancêtres. Nous faisons des vœux, nous demandons grâce à Dieu par l’intermédiaire des ancêtres, c’est notre culture, notre tradition, notre religion. Nous sommes malgaches avant tout », explique Antoine, un des pèlerins. Des milliers de visiteurs sont venus honorer l’événement. En une semaine, Vohémar, cette ville calme s’est animée. En outre, après l’édition du 2019, Iharana n’a pas été épargnée par la crise sanitaire, enclavée et marginalisée, les habitants se sont fermés au monde extérieur. La Covid-19 a été un frein aux activités dans la région. Actuellement, les choses sont différentes, après l’inauguration de la route RN5A, Iharana est à nouveau un carrefour. Au XIIIe siècle, occupée par les Islamisés, la ville abritait un Port et était un comptoir pour les échanges. Ville cosmopolite, cette commune urbaine est restée un carrefour culturel des Sakalava-Anjoaty.

L’apport de la civilisation arabe se lit encore dans le quotidien des locaux. Tous les trois ans, les Anjoaty font un rituel pour avoir la bénédiction des ancêtres. Les devins appelés « Dadilahy mpijoro », en tant que chefs spirituels de la communauté, dictent le jour favorable pour la cérémonie. Leur savoir-faire est jalousement gardé depuis le XVIe siècle ; époque du brassage culturel des populations arabisées et des austronésiens présents dans le Nord-Est de la Grande Île.

La cérémonie culturelle se prépare une semaine avant la cérémonie du « Famangiana tany manintsy ». Les trois jours de cérémonie seront consacrés aux ancêtres royaux. Le premier jour, les habitants purifient le « champ de repos », la sépulture des rois. Le deuxième jour est dédié à la préparation dans le village d’Andakorobe – traduction phonétique de : rande cour. La journée est conclue par un défilé traditionnel à travers le village. Le troisième jour, l’assistance accède à Ambavan’Iharana pour y effectuer le jôro. Cette cérémonie consiste à demander la grâce des ancêtres. « Ce rituel permet de conserver et de renforcer notre identité en tant que Sakalava-Anjoaty du Nord-Est », affirme un visiteur d’Ambavan’Iharana. Dans l’ensemble, ces quatre jours sont imprégnés de la mémoire des roitelets qui ont gouverné la région. Les normes à suivre. Pour visiter le lieu de repos des ancêtres ou «tany manintsy», les visiteurs doivent suivre des règles strictes. En premier lieu, les hommes ne doivent pas avoir les cheveux courts. Les visiteurs sont sommés de se vêtir de «lambahoany», tissu traditionnel et de «salovagna» pour les femmes. Pour ces dernières, les cheveux doivent être tressés. Les hommes portent du «kitamby », un vêtement à porter sans les dessous. Il est formellement interdit d’amener de la viande de porc sur les lieux sacrés. Comme chez tous les groupements humains à Madagascar, le zébu est toujours lié au sacré dans ce genre de cérémonie, plus de 185 zébus ont été sacrifiés pour cette année. Plus de 400.000 visiteurs, venant des autres coins du pays et de l’étranger, ont assisté à la cérémonie d’Ambavan’Iharana. Vangy tany manintsy attire de plus en plus les touristes. Sans parler des touristes locaux, des vazaha y étaient présents. La culture malgache en général suscite de l’intérêt, attire la curiosité des étrangers. Abattre des centaines de zébus pour un pèlerinage, c’est quelque chose d’inédit pour Philippe Frenot, un touriste français. « Je suis venu ici pour voir de mes propres yeux. Je l’ai vu une fois dans un documentaire lorsque j’étais en Suisse, je me suis dit, pourquoi ne pas voir ça et prendre des photos des rituels. Je suis curieux, voilà », a-t-il dit avec un sourire. Certaines personnes critiquent ce rituel, en disant que c’est du gaspillage, « les bœufs se font rares, c’est vrai que c’est un animal emblématique de Madagascar. Mais, sacrifier des zébus pendant trois jours, ce n’est pas évident. On décime un cheptel à mon avis », s’explique Tiana Rafaniriaina. Sous un autre angle, ce rituel a également pour but d’exprimer d’une manière ostentatoire la richesse de la région. En somme, chacun a sa manière de voir les choses. Si pour les uns, le rituel est une marque d’identité, les autres pensent que cette tradition n’est plus adaptée au contexte actuel.

Iss Heridiny

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