C’est presque en catimini, très tard dans la nuit que le vote du code de la communication a eu lieu. Il s’est déroulé loin du regard inquisiteur de la presse qui avait espéré voir le régime retrouver une attitude normale et entamer un dialogue salutaire pour tout le monde.
Un vote dont le régime ne mesure pas les conséquences
On se demande pourquoi le gouvernement a voulu aller aussi vite, avant-hier soir. L’explication est bien sûr son envie de couper l’herbe sous le pied à ces journalistes turbulents qui n’avaient pas l’intention de se laisser faire. Aujourd’hui, ils sont mis devant le fait accompli, mais cela ne les a pas laissés sans voix. Les mots pesés et réfléchis que l’on trouve dans les communiqués publiés dans tous les journaux aujourd’hui montrent une détermination sans faille. La presse va continuer à dénoncer cette manière cavalière du pouvoir. Ce dernier a réussi son coup. La loi votée va passer au contrôle de constitutionnalité de la HCC. On peut penser avec raison qu’elle ne sera pas retoquée par les juges. Elle sera ensuite appliquée et ce à la convenance des dirigeants. Mais tout cela prendra un certain temps et la presse ne va pas rester inerte. Elle va organiser sa résistance de la manière la plus efficace, en interpellant les citoyens malgaches et la communauté internationale. Elle va perturber le bel ordonnancement des actions du régime qui espère pouvoir mettre en place les grands projets présidentiels déjà annoncés. Les bailleurs de fonds internationaux sont sensibles à la bonne gouvernance et à l’existence d’une véritable liberté d’expression. Le représentant résident de l’Union Européenne s’est exprimé dans ce sens. L’ambassadeur des Etats-Unis a fait de même. Chacun s’est bien évidemment gardé de faire des pressions sur les dirigeants malgaches, en déclarant ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires intérieures du pays. Le régime n’a pas mesuré l’impact de ce vote précipité.
Patrice RABE