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Mention très bien. L’instance dirigeante d’AFRITAC – SUD Singh n’a pas tari d’éloges à l’organisation par Madagascar des réunions annuelles du Comité de pilotage d’AFRITAC-Sud qui s’est déroulé ces deux derniers jours au Novotel Convention Center.
« Nous sommes impressionnés par l’organisation des réunions par Madagascar » a déclaré Singh le Directeur d’AFRITAC Sud. Avant d’ajouter que « de toutes les réunions où je suis allé en Afrique, celle de Madagascar est de loin la meilleure, et ce, depuis l’accueil à l’aéroport jusqu’aux derniers détails des journées ; et pas uniquement pour l’organisation mais aussi le contenu et les panels ». On rappelle que cette réunion, qui a vu la participation des représentants des 13 pays membres d’AFRITAC SUD, était l’occasion de faire progresser le programme régional de renforcement des capacités. Présidée par la ministre de l’Economie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, la réunion annuelle d’AFRITAC Sud a rassemblé des responsables des pays membres. (Angola, Botswana, Eswatini, Lesotho, Madagascar, Maurice, Mozambique, Namibie, Seychelles, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe), des représentants des partenaires contributeurs (Union européenne, Royaume-Uni) ainsi que des représentants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), de l’Institut monétaire du COMESA, et des responsables des services fiscaux et des instituts de statistique de plusieurs pays membres d’AFS.
La ministre malgache a notamment évoqué l’honneur offert à la Grande Île dans le choix de la tenue de la réunion à Madagascar. Elle a souligné l’importance des travaux de renforcement des capacités (RC) du FMI et le rôle essentiel d’AFRITAC Sud dans le renforcement institutionnel à travers l’Afrique australe. Elle a évoqué les réalisations de Madagascar grâce à l’appui d’AFRITAC Sud dans des domaines tels que la gestion des risques budgétaires, les rapports fiscaux, l’évaluation des actifs de l’État, l’optimisation des procédures douanières et fiscales, ainsi que la modernisation des opérations de la banque centrale. « Le Comité de pilotage a pris note des défis posés par la conjoncture économique extérieure difficile et le contexte de financement auxquels fait face l’Afrique subsaharienne, y compris l’Afrique australe. La forte exposition de nombreux membres d’AFS à l’évolution du régime commercial mondial a accentué les chocs récents et accru la pression sur les efforts visant à garantir la stabilité macroéconomique et à atteindre les objectifs de développement à long terme », a déclaré la ministre Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison
R.Edmond.
Les employés de la Jirama regroupés au sein du Collectif dit « Tambaben’ny Mpiasan’ny Jirama », comptant des milliers de personnes, ont organisé une Assemblée générale hier à Mandroseza.
À l’issue de laquelle, ils ont été unanimes. Ils s’opposent fermement à l’application du nouveau statut de la compagnie nationale de production d’eau et d’électricité qui sera transformé en société anonyme à caractère commercial. En effet, « cela nuit à la société tout en bafouant les droits des agents de la Jirama. En plus, il y aurait des impacts négatifs pour la population », selon leurs dires. Raison pour laquelle, le collectif des employés de la Jirama a mobilisé tout le personnel dans toutes les régions pour ne citer qu’à Toliara afin de réclamer la démission de leur directeur général.
D’après leurs explications, la compagnie nationale de production d’eau et d’électricité doit être détenue entièrement par l’Etat car elle fournit des services publics. « Face à la situation chaotique actuelle de la société, nous, les employés, sommes toujours pointés du doigt alors qu’il incombe à l’Etat de trouver une solution sans privilégier les intérêts des minorités. Nous lançons ainsi un appel au dialogue direct avec le Président de la République », ont-ils déclaré lors de cette Assemblée générale des employés. Les autres agents de la Jirama dans les régions, comme à Toliara, sont également intervenus pour exprimer leur mécontentement. « L’application de ce nouveau statut de la Jirama engendrerait une suppression d’emplois ainsi qu’une perte pour les abonnés », ont-ils évoqué. Face à cet état de fait, le Collectif des employés de la Jirama annonce qu’il est prêt à mener une grève générale si l’Etat ne revient pas sur ses décisions.
De son côté, la Direction générale de la Jirama dément et affirme qu’il n’y aura ni privatisation de la société ni licenciement des employés mais plutôt un redressement de l’entreprise en réduisant les charges de fonctionnement incluant la consommation de carburants. La promotion des énergies renouvelables et le départ à la retraite de certains employés seront également priorisés, a-t-on indiqué. Par ailleurs, il est à rappeler que la Jirama, le Groupe Filatex et la Banque AFG ont signé un accord pour le règlement total des dettes de la compagnie envers cette entreprise privée spécialisée dans les énergies renouvelables. En contrepartie, Filatex s’engage à réinvestir dans les énergies renouvelables à Antananarivo et dans d’autres grandes villes. Cet accord s’inscrit dans le cadre du plan de redressement financier de la Jirama, validé par l’État, pour améliorer la qualité du service et réduire les coupures d’électricité.
Navalona R.
Alors que ses modalités d’application ne sont pas encore connues, la TVA de 20% sur les intérêts des crédits bancaires continue d’alimenter les discussions. Pour certains analystes, cette taxation pourrait être à l’origine d’un certain nombre de problèmes. Ils pointent notamment les performances bancaires, qui stagnent depuis quelque temps. Cela s’explique en partie par l’augmentation constante du taux de refinancement. Prenant le cas du taux marginal de la Banque centrale qui est passé de 8,9% en 2011 à 13% en 2025, un opérateur économique évoque que « cette flambée des taux bancaires constitue un élément dissuasif pour les candidats aux emprunts et que l’application d’une TVA aggraverait encore la situation ». Bref, une éventuelle augmentation du coût de l’emprunt pourrait être dommageable pour l’économie. Quoiqu’il en soit, les modalités d’application de cette retaxation des intérêts des crédits bancaires sont des plus attendues.
R.Edmond.
Du 16 au 27 juin 2025, le tournoi annuel « Coupe MDG » (Ministère délégué en charge de la gendarmerie) et « Coupe COMGN » (Commandant de la gendarmerie) a rassemblé les unités de la gendarmerie nationale à travers Madagascar. Organisé au Toby Ratsimandrava, avec les finales disputées au Palais des Sports Mahamasina, cet événement sportif d’envergure a marqué les festivités de l’Indépendance tout en inaugurant la nouvelle tribune du terrain de basket.
Réunissant les grandes formations de la gendarmerie ainsi que les écoles de Moramanga et d’Ambositra (EGN), le tournoi a mis en lumière quatre disciplines : volley-ball, football, basket-ball et athlétisme. Cette diversité a permis de renforcer la cohésion et l’esprit d’équipe au sein de la gendarmerie, dans une ambiance de fair-play et de convivialité. « La pratique du sport est une priorité pour la solidarité et la cohésion entre les gendarmes », a souligné le général de division Andriatahina Jean Herbert Rakotomalala, commandant de la gendarmerie nationale (COMGN).
Le point d’orgue de l’événement a été la grande finale, en présence du ministre délégué en charge de la gendarmerie, le général de division Andry Rakotondrazaka. Ce dernier a même foulé le parquet lors d’un match de gala opposant les Généraux aux Colonels. Dans une rencontre disputée, les Colonels l’ont emporté 67 à 57, offrant un spectacle apprécié par les spectateurs venus en masse. En volleyball, la finale a opposé l’équipe du COM à celle des EGNA (Écoles de la gendarmerie nationale à Ambositra). Les élèves gendarmes ont dominé les deux premiers sets (21/25, 23/25), mais le COM a su renverser la vapeur en égalisant à deux sets partout (25/19, 25/19). Le tie-break, d’une intensité rare, s’est conclu par une victoire serrée du COM, 17/15, décrochant ainsi le titre.
Au-delà de la compétition, ce tournoi incarne les valeurs de la gendarmerie. « La pratique des sports est essentielle pour maintenir nos gendarmes au top de leur forme physique. Un corps sain abrite un esprit sain », a déclaré le général Andriatahina Rakotomalala. Ce rendez-vous annuel permet également de repérer les talents qui viendront renforcer les équipes nationales de la gendarmerie, notamment la Gendarmerie Nationale de Basket-ball (GNBC) et la Gendarmerie Nationale de Volley-ball (GNVB), engagées dans les championnats nationaux. Cette édition 2025 de la Coupe MDG et COMGN a une fois de plus démontré l’importance du sport comme vecteur d’unité et de discipline au sein de la gendarmerie.
Heriniaina Samson
Une crise s’installe. Alors que la Fédération malgache des jeux d’échecs vient d’obtenir une reconnaissance de la part de la FIDE, la Ligue Analamanga brise le silence en dénonçant certains agissements de cette instance nationale.
La Ligue Analamanga des Échecs (LADE), par la voix de son Secrétaire général, Zo Andriananja, a publié une déclaration évoquant des pratiques jugées préjudiciables à son fonctionnement, de la part de la Fédération Malgache des Jeux d’Échecs (FMJE). Cette situation, qui s’est cristallisée au fil des dernières années, perturberait le climat autour de la discipline dans la région. La lettre mentionne notamment l’organisation en novembre 2021 d’un tournoi non prévu, coïncidant avec le championnat régional, ce qui aurait limité le prêt de matériel. Des équipements jugés non conformes auraient alors été mis à disposition de la Ligue.
La LADE affirme également avoir subi des pressions dans le cadre de la tenue de son Assemblée Générale Extraordinaire du 14 juin 2025. « Des appels et des courriels ont été adressés aux clubs à la veille de l’événement, dans le but de freiner son déroulement. Malgré cela, la majorité des clubs reconnus y ont assisté, et l’AGE a été validée par la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports (DRJS) », peut-on lire dans la lettre. En conséquence, la Ligue Analamanga annonce la reconnaissance officielle de cette assemblée par les autorités compétentes, et réaffirme son autonomie dans la gestion de ses affaires internes. Elle invite la FMJE à privilégier la concertation et appelle clubs, ligues régionales et joueurs à se mobiliser contre toute forme de pression, en vue d’un avenir structuré et équilibré pour les échecs malgaches.
Manjato Razafy
« La fenêtre d’opportunité avait été ouverte, mais elle n’a pas été exploitée ». Le constat est fait par de nombreux observateurs ayant espéré que la fin de la guerre des 12 jours entre Israël et l’Iran amènerait une dynamique de paix dans la région. La routine de la guerre a repris le dessus et Gaza n’a pas profité de l’éclaircie qui était apparue. Les bombardements ont repris sur les quartiers nord de l’enclave pour « éliminer le Hamas ». Les souhaits d’une paix prochaine exprimés par Donald Trump, cependant, existent et ils n’ont pas freiné Benyamin Netanyahou. Mais le désir du président américain ne peut pas être contrarié et cette paix n’est peut-être pas si lointaine.
La guerre entre Israël et l’Iran a soudé les habitants de l’État hébreu. Ils ont été unis autour de leur Premier ministre. Mais la fin du conflit a été vécue comme l’espoir de vivre dans la concorde et de chercher les moyens de mettre fin à l’autre guerre. La partie la plus extrémiste du gouvernement n’a pas renoncé à ses objectifs : détruire le Hamas. Ce lundi, des raids de grande ampleur ont repris. Ils ont, paraît-il, été couronnés de succès, mais ils ont causé la mort de nombreux civils. La contestation a repris dans le pays et les manifestations se sont de nouveau déroulées pour demander au Premier ministre de mettre fin aux opérations militaires et tout faire pour la libération des otages. Benyamin Netanyahou affirme que les buts poursuivis sont clairs : l’élimination de l’organisation palestinienne ainsi que le retour des otages. Il propose à ses ennemis une capitulation. Ces derniers la refusent absolument. Ils proposent un cessez-le-feu, un retrait des troupes israéliennes et la libération des otages. Donald Trump avance qu’un accord devrait être conclu bientôt. Il ne s’agit pas de propos en l’air. Les événements vont peut-être s’accélérer très vite.
Patrice RABE
Tremblement de terre à la Coupe du Monde des clubs avec l’élimination de deux grandes équipes européennes. Pas n’importe lesquelles, puisqu’il s’agit de l’Inter Milan, finaliste de la dernière Ligue des champions, mais aussi de Manchester City de Pep Guardiola, plusieurs fois champion d’Angleterre.
C’est une véritable redistribution des cartes : les Italiens ont été sèchement éliminés par les Brésiliens de Fluminense, tandis que City est sorti par la petite porte, concédant une défaite 3-4 face aux Saoudiens d’Al Hilal, entraînés par l’Italien Simone Inzaghi.
Les Citizens, pourtant dominateurs en première période, avaient pris l’avantage grâce à Bernardo Silva dès la 9e minute. Mais les Saoudiens, portés par un Marcos Leonardo incandescent, ont renversé la vapeur avec une égalisation fulgurante dès le retour des vestiaires, suivie d’un bijou signé Malcom (55e). City croyait encore à son destin quand Erling Haaland égalisait à 2-2, mais la prolongation allait virer au cauchemar. Kalidou Koulibaly, impérial dans les airs, redonnait l’avantage à Al Hilal (94e), avant que Phil Foden ne réponde avec panache (104e). Et puis, dans un silence assourdissant, Marcos Leonardo surgissait une dernière fois pour crucifier Ederson à la 112e minute.
Le face-à-face entre Fluminense et l’Inter Milan tourne lui aussi très vite au cauchemar. Germán Cano ouvre le score dès la 2e minute, humiliant Yann Sommer en plaçant le ballon entre ses jambes. Les Italiens tentèrent le tout pour le tout, notamment par Lautaro Martinez, mais c’est encore Hercules Pereira qui porta l’estocade dans le temps additionnel (90+3).
Deux géants sont tombés, deux outsiders en état de grâce. Fluminense et Al Hilal se retrouveront en quarts pour un duel inattendu, mais ô combien savoureux. Le football mondial n’a pas fini de nous surprendre.
Manjato Razafy
Comme chaque début du mois, un changement des prix à la pompe des carburants a eu lieu depuis hier. Cette fois-ci, c’est à une révision à la baisse que les consommateurs ont eu droit.
En effet, les prix du litre du gasoil et du supercarburant ont baissé chacun de 200 ariary.Le gasoil est passé de 5 100 à 4 900 ariary, et le supercarburant de 5 520 à 5 320 ariary. Quant au pétrole lampant, le prix du litre est passé de 3 430 ariary à 3 380 ariary, soit une baisse de 50 ariary par litre, entre juin et juillet.
Une baisse des prix qui devait en tout cas réjouir les usagers. Pourtant, ce n’était pas exactement le cas, hier où la journée était marquée par les longues queues de voiture devant les stations-services de la capitale. C’était notamment le cas à Ambodifilao où une station-service était en rupture de stock en début d’après-midi. D’après un pompiste de ladite station, la situation résulte d’une perturbation dans l’approvisionnement. « D’habitude, nous ne connaissons pas de rupture de stock, car nous avons un système d’anticipation, qui nous permet d’être livrés avant que nos cuves soient vides, mais ces derniers temps, il y a pratiquement un décalage de trois jours entre le délai normal et le délai réel de livraison » explique un pompiste. Par contre, certaines stations-services comme celle de Shell à Behoririka n’ont pas connu ce genre de problème.
Au-delà de la baisse des prix qui devait soulager un peu la trésorerie des taxi-be, cette pénurie n’est pas sans poser de problèmes de gestion à ces petites entreprises de transport qui vivent au jour le jour. « A défaut de faire le plein, un luxe que nous ne pouvons plus nous payer depuis longtemps, nous mettons le maximum dans nos réservoirs, mais le problème, c’est que cela nous prive de la trésorerie réservée à notre subsistance quotidienne », explique un chauffeur de taxi-be. Il appelle l’État à prendre ses responsabilités pour mettre fin à cette situation.
Du côté des autorités, l’on explique qu’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une pénurie, mais plutôt d’un problème passager. Selon l’Office Malgache des Hydrocarbures (OMH), « les cas de rupture de stocks résultent d’une perturbation au niveau des transports de carburants depuis Toamasina jusqu’à Antananarivo ». Lors d’une récente intervention à la télévision nationale, le ministre de l’Energie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste a expliqué, que des dispositions ont été prises et que le problème est en passe d’être réglé. Attendre et voir.
R.Edmond.
La ville des Mille ne se laissera jamais ronger par l’oubli du temps, imposé en certains moments sur des calculs politico-historiques et/ou générationnels. Se trouveront toujours, et toujours, dans ses ruelles et ses quartiers, des lieux porteurs d’hier et marqueurs du maintenant. Où rien qu’à s’y asseoir, y discuter, rend conscient à quel formidable possible les Tananariviens, leur cité, voire tout le pays ont le droit d’aspirer. Patrimoine discret de Tananarive, le restaurant « Doan Van Bien » en fait partie. Global par son histoire, celle d’un patriarche viet-namien ensuite de sa famille malgache. Local par les illustres voisins, clients et complices qui l’ont bonifié de leur légende, de leur aura unique. Aujourd’hui, cet établissement niché à Besarety est tenu par Doan Van Thanh Andriamanantena. Loquace personnage, la soixantaine et des poussières, homme de cigarette et de café, mémoire infaillible de fabuleuses anecdotes sur la Grande Île. A lui seul, d’une légèreté dépassionnée et d’une précision livresque, il peut réinventer la capitale. De ces « penseurs » urbains qui donnent la primauté aux idées, aux rêves, aux racines, à la modernité et rétablissent le patriotisme sans s’asservir de son romantisme. A travers ses mots, Tananarive aujourd’hui à la couture de plus en plus campagnarde revêt l’étoffe de « ville-monde », urbaine, libérée, vivante et éternelle.
Mon père, Doan Van Bien, est parti du Viêt Nam du nord, dans la province de Nam Đįnh en 1938. Il avait environ vingt ans. Afin d’éviter les « travaux forcés » pendant la colonisation, le travail obligatoire, il était préférable de s’engager dans l’armée française parce que les conditions de traitement y étaient plus supportables. Si vous étiez un simple civil, ou un agriculteur, vous deviez exécuter des tâches infligées par l’administration coloniale telles que la construction des routes, l’agriculture… Parfaitement légal à l’époque, il était possible de prendre un indigène pour s’occuper des champs, et cela devenait un travail obligatoire pour ce dernier. Mon père a préféré l’armée française. Il a débarqué en France dans des garnisons, à Carcassonne et à Valenciennes avec ses amis, des Vietnamiens incorporés dans le régiment d’infanterie coloniale, au statut de tirailleurs indochinois.
Les Allemands sont arrivés en 39-40, le régiment se retrouvait automatiquement sous le commandement des forces de Vichy. Lesquelles contrôlaient la majorité de l’armée coloniale donc contrôlées par l’armée allemande, et opposées à la force française libre un peu éparpillée. Il fait ainsi un passage par l’Afrique du nord. Puis son régiment, avec plusieurs officiers, se fait capturer par les forces anglaises à Durban en Afrique du Sud. Considérés comme prisonniers de guerre, j’ignore ce que les officiers ont réussi à négocier, ils ont été réintégrés dans la force française libre.
Bien sûr, il a perdu plusieurs compatriotes de son régiment. Du temps de l’unité de la force française, avant la mainmise des forces de Vichy. Lors des affrontements contre les Allemands, il a perdu beaucoup d’amis vietnamiens. Beaucoup de pertes. Il m’a raconté que, sur le champ de bataille, il a fallu faire semblant d’être mort. Cependant les Allemands poignardent encore les morts avec leurs baïonnettes. Quand ils ne trouvaient plus aucune nourriture, ils prenaient leur gamelle et y faisaient bouillir leur ceinture pour la manger.
En 1942, il y a eu l’opération Ironclad, grâce à laquelle ils ont pu rallier Madagascar. Ils ont été affectés dans la région Vakinankaratra : Ambatolampy et Antsirabe. Là débute l’histoire. Il avait le grade de caporal, ma mère a intégré l’école ménagère au sein de l’internat du Fjkm Ambatolampy. Les deux se sont rencontrés, ma mère avait 16 ans, mon père peut-être 22 ans. Mon père n’arrivait pas à aligner une seule phrase en malgache. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dits mais ils se sont mariés. Après le mariage, il a été affecté à Antsirabe. Deux ou trois ans après, ils ont eu notre sœur aînée puis notre aîné. Si vous vous souvenez de « Soloprix », ma grande sœur a été l’épouse de Rakotomavo « Soloprix ».
Madagascar devenu territoire français, mon père étant encore militaire, a travaillé à l’Etat–major de l’armée française à Andohalo. Durant cette période, je ne sais plus exactement en quelle année, le roi du Maroc Mohamed V a été exilé ici, mon père a été parmi la « garde » du monarque. Mohamed V étant parti, il est retourné à son poste à l’Etat–major. Ensuite, il a été assigné en tant qu’aide de camp du médecin colonel Bordes à l’hôpital colonial Girard et Robic. Lui et ses compatriotes vietnamiens étaient très soudés. De plus, la plupart des militaires français présents ici venaient d’Indochine. Alors, ils se sont dit, « pourquoi ne pas raviver ici notre manière de manger au Vietnam ? ».
Je vais vous raconter une anecdote du temps où il était encore militaire. Au quartier de « Mascar », comme ils ont eu plusieurs enfants, mon père a réussi à ouvrir une épicerie : « Bar du Nord », également magasin de vin. Ma mère tenait la baraque. Il y avait un client, tout le monde le connaissait. Quand celui-ci était à court d’argent, il prenait sa guitare et chantait. Razilinah ! Ma mère s’appelait Joséphine (Zô–zôphine dans la chanson). Dès lors, quand il était un peu dans la dèche, il l’amadouait : « allez, je vais créer une chanson pour toi, verse-m’en un peu ». Ainsi naquit la chanson « Madame la gitara ». Il paraît que quand le graphophone était « out » ou que les gens en avaient marre, on appelait Razilinah. Il créait des chansons au tac au tac, sur le moment. Hélas, un jour, du côté d’Isotry…il ne s’est plus réveillé. Razilinah et Dox sont similaires. Jean Verdi, de son prénom, était un descendant de Ramangetrika. Ils n’étaient pas foncièrement pauvres. Dox aimait être sollicité par des jeunes hommes, ces derniers voulaient déclarer leur amour à des filles. Ces garçons lui demandaient alors d’écrire des poèmes en échange de quelques pièces. Après, il faisait un tour au bistrot.
En 1950, mon père a été libéré de son engagement militaire. Les Français sont malins, ils ne lui ont pas donné la nationalité. Ce que lui ont fait les Français restera à jamais sa rancœur envers la France. Parce qu’il n’a jamais reçu de pension. Il m’a dit : avec mes économies et l´argent que j’ai déjà investi, je vais ouvrir un restaurant. Lui et ses compatriotes se sont également soutenus. Il a prospecté ici à Besarety, a trouvé un local dans la rue du 12ème bataillon malgache dont le propriétaire était Razafindrangita. Il a ouvert son premier restaurant, près du célèbre « Dadà mpanao môtô ». Non loin de « Rajery le coiffeur », l’ancienne assurance « Andriamampandrison ». Nos voisins étaient un développeur de pellicule, famille de Jérôme Randria et un artiste peintre, un certain Raparivo.
Ses amis vietnamiens l’ont aidé à monter son restaurant, et ont travaillé avec lui. Quand ils réussissaient à gagner assez d’argent, l’un d’eux a ouvert son propre commerce. Et ainsi de suite pour tout le monde, un système d’entraide quoi. Leur ultime avantage : ils ont cherché constamment à s’intégrer, ils se fondaient. Ils n’ont jamais cherché, à l’instar d’autres communautés, à créer des associations ou quelque chose du genre.
Donc, les affaires marchaient avec le restaurant, ils ont trouvé une maison à Behoririka. Il a ouvert la réputée « pharmacie de garde ». Vous voulez boire du rhum ou acheter une montre à une heure du matin, vous en trouverez à l’épicerie « Doan Van Bien ».
Vous connaissez le « look’s », c’est un de ses amis qui l’a lancé et proposé pour la première fois à Tananarive. Puis ça s’est démocratisé. Au Vietnam, le porc est un aliment populaire. Le bœuf est plus cher. Le contraire d’ici.
Bon nombre de militaires français fréquentaient en ce temps l’hôpital Girard et Robic et l’institut Pasteur. Il a décidé de les contacter. En 1959, il a réussi à acquérir ce terrain (emplacement actuel du restaurant Doan Van Bien). Avant, c’était une zone marécageuse. En 1960, il inaugure ce restaurant et nous sommes ici jusqu’à maintenant. Le 11 septembre 1975, mon père meurt. Le président Ratsiraka a ordonné un piquet d’honneur et a envoyé une lettre, j’ai encore cette lettre.
Le chef de file n’était plus là, il y a eu un choc. Nous avons connu un passage à vide, l’ancienne énergie s’est dissipée. De plus, nous (ici il évoque Madagascar) avons connu plusieurs crises. L’eau a ensuite coulé sous le pont, la famille a gardé l’épicerie à Behoririka, nous avons fermé le premier restaurant de Besarety puisque là-bas nous louions. Nous avons gardé ce restaurant ici, parce que c’est notre propriété. Après mon défunt frère, ma sœur, j’ai décidé de prendre le relais. Il a fallu prendre des mesures, parfois douloureuses, afin de rétablir notre qualité de service. Et nous sommes encore en ce moment en train de maintenir nos efforts. Un jour, des clients d’une cinquantaine d’années sont venus. Ils nous ont dit que leurs parents les avaient emmenés jadis dans notre restaurant.
C’est la raison pour laquelle je dis souvent à nos enfants que ce restaurant n’est plus un héritage, c’est un patrimoine à gérer. Je me suis plié aux mesures malgré quelques réserves virulentes reçues de part et d’autre. Il fallait bien aussi évoluer avec son temps, j’ai dit « ok mais je ne change pas les chaises ». Mon papa les a achetées dans le magasin « Cachet de Paris » de l’Avenue de l’Indépendance. Des chaises Baumann. A Paris, tous les cafés utilisent ce type de chaise.
Regagner notre qualité de service culinaire, des anciennes notes sont gardées quelque part. Et en quelque sorte, c’est en nous, dans notre manière de vivre. Je vous explique. Par exemple, si vous apprenez à un étranger à cuisiner du « romazava », vous lui donnez tous les ingrédients. Celui préparé par un Malgache sera toujours particulier. Mon père adorait le « romazava ».
Au Vietnam, cuisiner n’est pas réservé aux femmes, les hommes cuisinent aussi. Dès qu’ils sont petits, ils apprennent. Il y a beaucoup de points communs, les vietnamiens mangent du riz. La différence résidait dans les mets. Chez le vietnamien, le riz est omniprésent. Les légumes ou les brèdes étaient obligatoires. Selon les possibilités, des produits de mers : le poisson, les crustacés, c’est aussi obligatoire. Question d’équilibrer le repas, le yin et le yang. Le yang est tout ce qui est aquatique, le froid. Le chaud, c’est le yin, la viande de bœuf, de poulet, de cochon, la volaille… La base principale de la cuisine vietnamienne, l’incontournable, est la sauce de poisson, le nuoc–cham.
Il n’y a jamais eu de conflit. Mon père avait sa foi, il était bouddhiste, ma mère protestante et nous, leurs enfants, apprenons dans une école catholique. Il nous incitait parfois, « allez à l’église écouter le sermon du pasteur ou du prêtre ». Il le savait, en matière de religion, personne n’ira nous dire d’aller voler ou tuer quelqu’un. Plutôt, nous inciter à être bon et faire le bien. Il n’y avait pas de temple bouddhiste à l’époque à Tananarive. Alors, il a dû s’adapter pour trouver un homme de foi pour prodiguer des paroles de sagesse à ses enfants.
Lui et ses amis vietnamiens étaient des joueurs invétérés de mahjong, ma mère à cause de sa culture protestante n’en jouait pas. Il gardait ses gains au jeu dans un cabas en osier. Un jour, ma mère a jeté le panier dans le feu. Depuis, il a cessé de jouer au majong. Parce qu’il se trouvait loin de la terre de ses ancêtres, il voulait tellement s’intégrer. Quand nous allons en train à Tamatave, un train de nuit, pour récupérer des marchandises parce qu’il importait certains du Vietnam, il achetait des oranges. Puis les partageait avec tout le monde dans le wagon. Un « famadihana » se déroulait dans la famille de ma mère dans le « sud », il y assistait, respectant les rites. D’ailleurs, presque tous les Vietnamiens s’intégraient. Leurs descendants se trouvent en majorité dans le quartier d’Anjanahary aujourd’hui.
Lors de la démobilisation générale, deux choix leur ont été donnés. Rester ou retourner chez eux. Mon paternel a préféré rester à Madagascar, mentionnant que ses enfants sont déjà grands. D’autres ont préféré retourner au Vietnam, le jour du départ, leur bateau a explosé en mer à cinquante kilomètres de Tamatave.
Il y avait beaucoup de communautés à Tananarive à l’époque. Les Grecs étaient nombreux. Vous savez, l’ami de mon père à Betongolo était un Syrien nommé « Tadjer », les Syriens avaient la particularité de chanter en malgache. Tels « Henri Liban » (avec son tube « Neny ») et Tadjer, un célèbre vendeur de sandwich, de mortadelle… devenu propriétaire de l’hôtel « Plage » à Tamatave.
Quand des problèmes surviennent dans la « communauté », tout le monde prenait ses responsabilités. Un jour, un ami de mon père occupait le poste de chef comptable à l’hôpital de Diego Suarez. Le médecin chef y détournait des médicaments et de l’argent. Il y a eu un contrôle financier, les soupçons sont tombés sur cet ami. N’ayant pas supporté ces accusations erronées, il a fini par se suicider. Les Vietnamiens ont réussi à rapatrier son corps, ramener sa femme et ses enfants à Tananarive en avion. Après, ils ont payé le loyer de la veuve et de ses enfants pendant quatre ans. Tout en la finançant pour lancer sa propre activité de commerce.
En 2005 je crois, l’enfant de ma sœur a travaillé au Laos dans le domaine de l’environnement. Ma sœur y est allée pour les vacances. Elle en a profité pour passer au Vietnam. Elle a retrouvé la sœur de mon père. Sa famille a érigé une pierre commémorative dans son village, pensant que depuis tout ce temps il mourut au combat. Ma sœur leur a dit qu’il a bien vécu et qu’il a des descendants à Madagascar. En fait, nous avons encore une grande famille au Vietnam. Il faut aussi savoir que là-bas la guerre a cessé en 1975.
Si un jour, j’y vais, je sentirai sans doute un brin d’amertume. Toutefois, surtout de la fierté. De la fierté.
Située au sud du delta du fleuve Rouge, Nam Định, aussi province de plus de 1 380 000 habitants, est l’une des plus anciennes cités du Nord Vietnam. La province est subdivisée en neuf unités administratives (une ville et huit districts) : Nam Định, Vụ Bản, Mỹ Lộc, Ý Yên, Nam Trực, Trực Ninh, Xuân Trường, Giao Thủy, Nghĩa Hưng et Hải Hậu. Cœur culturel du Tonkin, la ville fut, dès le XIème siècle, un haut lieu du confucianisme sous la dynastie Ly, puis un centre textile réputé à l’époque coloniale. Son prestige historique s’incarne dans la cité impériale de Tran, résidence des empereurs Tran (1225-1400), vainqueurs des invasions mongoles. Durant la colonisation française, Nam Dinh devint un foyer ouvrier agité. Sa grande usine textile, construite en 1898, fut l’épicentre de nombreuses grèves dès les années 1920. Ces luttes nourrirent l’essor du mouvement indépendantiste. Parmi les figures emblématiques, Nguyen Duc Canh, natif de Nam Dinh, cofondateur du Parti Communiste indochinois en 1930, joua un rôle décisif. Exécuté en 1932, il reste une icône du militantisme révolutionnaire vietnamien. Durant la guerre d’Indochine puis celle du Vietnam, Nam Định fut une base logistique stratégique pour le Nord-Vietnam. Bombardée à plusieurs reprises par l’aviation américaine, elle incarne encore aujourd’hui la mémoire vivante de la résistance. Province d’érudition, carrefour historique et industrielle, Nam Định demeure un symbole fort de l’identité vietnamienne : enracinée dans des traditions millénaires, forgée par la lutte et toujours tournée vers l’avenir.
Le 5 mai 1942, les troupes britanniques déclenchent l’opération Ironclad, première offensive alliée contre une colonie sous contrôle vichyste : Madagascar. L’objectif est clair — empêcher l’armée japonaise d’utiliser le port de Diego-Suarez comme base navale. L’expédition, dirigée par l’amiral Edward Syfret et le général Robert Sturges, mobilise 10 000 hommes, appuyés par les porte-avions HMS Illustrious et Indomitable. En face, le gouverneur Armand Annet défend l’île avec environ 8 000 soldats. Après de violents combats, la ville de Diego tombe le 7 mai. Le 30 mai, une attaque surprise de sous-marins japonais endommage gravement le cuirassé Ramillies. L’opération se prolonge par le débarquement de troupes à Majunga en septembre, puis à Tamatave et Tananarive. Le 6 novembre 1942, Annet capitule. Bilan : l’île passe sous contrôle des Forces françaises libres, sécurisant une voie maritime vitale pour les Alliés dans l’océan Indien.
Le 20 août 1953, le sultan Mohammed V est déposé par les autorités coloniales françaises, avec le soutien du résident général Guillaume, pour avoir refusé de condamner les revendications nationalistes. Escorté par les services spéciaux, il est exilé avec sa famille à Ajaccio, puis transféré le 7 septembre à Antsirabe, dans les terres centrales de Madagascar. L’objectif : l’éloigner du peuple marocain et étouffer les élans indépendantistes. Durant son exil (1953–1955), Mohammed V reste une figure centrale de résistance. Des messages clandestins continuent de circuler, et les émeutes au Maroc s’intensifient. Sous pression, la France finit par le rapatrier au Maroc via Madagascar et Paris. Il rentre triomphalement à Rabat le 16 novembre 1955, amorçant le processus d’indépendance, obtenu en mars 1956.
Né sous le nom de Razilinah Randrianarivelo (1919-1967), il émerge dans les années 1940 comme l’un des premiers à adapter la technique de jeu de la valiha à la guitare, forgeant le style ba gasy sur les Hautes Plateaux de Madagascar. Aux côtés de Rasamy Gitara et Paul Ratianarivo, il façonne un son unique qui influence durablement la musique malgache. Sérénades nocturnes à Faravohitra dès 1942, capuches, tenues élégantes et mélodies envoûtantes : sa guitare vogue auprès des jeunes — un courant culturel majeur du temps. Sa réputation traverse les générations : en 1992, le guitariste Erick Manana, héritier musical, enregistre un album hommage intitulé Razilinah, retraçant ses morceaux « Afindrafindrao » et « Bonjour Chérie ». Personnalités centrales : Razilinah lui-même, son successeur Erick Manana, et le producteur Solorazaf, qui, avec son label Musikela, contribue à perpétuer ce patrimoine dans les années 1990. Héritage : il est la colonne vertébrale du ba gasy, transmis oralement et revisité par de jeunes musiciens, tissant un lien vivant entre tradition valiha et modernité. Sa technique influença toute une génération et repose aujourd’hui au cœur du renouveau de la musique traditionnelle malgache.
La communauté syrienne est arrivée à Madagascar principalement au début du XXe siècle, attirée par les opportunités commerciales sous la colonisation française. Originaires surtout de la région de Damas et d’Alep, ces migrants ont emprunté les routes maritimes via l’Afrique de l’Est. Installés surtout à Tananarive et Tamatave, ils se sont spécialisés dans le commerce et l’artisanat, contribuant au développement économique tout en gardant vivantes leurs traditions culturelles. Le plus malgache des Syriens est sans doute Henri Liban, un chanteur de charme. Ses tubes reconnus sont « Feom–baliha », « Hafatro » et « Neny ». Sa musique vaut le détour et a connu un grand succès chez les Tananariviens.
L’influence culinaire vietnamienne à Tananarive se traduit par des techniques comme la cuisson à la vapeur, la préparation de bouillons clairs et l’utilisation de nouilles de riz. Les herbes fraîches, telles que la coriandre, la menthe vietnamienne et le basilic thaï, sont intégrées aux plats malgaches, apportant fraîcheur et complexité aromatique au métissage culinaire local. Mais le « lokisa » tient une place majeure dans la culture urbaine de la capitale, dont le quartier d’Andravoahangy, proche de Besarety, tient une place centrale. Le « lokisa », plat emblématique à base de tête de porc. Le lokisa n’est pas seulement un repas : il incarne un moment de partage et d’identité culturelle, reflétant la richesse gastronomique malgache dans un cadre populaire et authentique.
Recueillis par Maminirina Rado